Cuba

Raul Castro

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Les paradoxes de l’économie cubaine

Carmelo Mesa-Lago *

En fin 2009, la «Révolution cubaine» aura vécu un demi-siècle et un an. En effet, le 1er janvier 1959 Castro entrait à La Havane, avec un appui populaire massif.

La «période spéciale», suite à «l’implosion de l’URSS», aura vingt ans. C’est un an après 1989, qu’une sévère crise économique s’est déclenchée; une récupération partielle s’est opérée au début des années 2000, sans atteindre le niveau de 1989.

En fin 2009, Raul Castro sera – de fait, puis officiellement – «au pouvoir» depuis trois ans et demi et président du Conseil d’Etat depuis  22 mois. En juillet 2007, Raul Castro ouvrait, lors d’un discours, un débat sur les réformes économiques possibles, avec des mesures appliquées depuis avril 2008, alors que la crise du capitalisme international s’accentue. Le rôle de Fidel Castro reste fort important.

Il est difficile d’appréhender l’évolution de la situation économique et sociale, car au cours de la période 2000-2006, la publication des statistiques officielles a été limitée. Depuis 2006, il est possible de les obtenir assez facilement sur le site www.one.cu.

Toutefois, leur interprétation pose des problèmes difficiles. On peut en mentionner deux. La CEPAL (La Commission économique pour l’Amérique latine et la Caraïbe – de l’ONU) dans ses séries n’inclut souvent pas Cuba, ce qui est lié à la «marginalisation» politique de Cuba. Les comparaisons sont donc difficiles. Ainsi Cuba n’apparaît, dernièrement, que dans trois tableaux statistiques de la CEPAL: le taux de croissance du PIB (Produit intérieur brut), le PIB par habitant et le chômage urbain apparent.

On ne dispose pas de données – CEPAL – pour: la formation brute de capital fixe (investissements), les transferts nets de capitaux, l’évolution des prix à la consommation. Le rapport entre la dette extérieure par rapport au volume des exportations n’est pas disponible. De plus, pour ce qui relève des données macroéconomiques, la CEPAL donne les chiffres officiels cubains, avec une note explicative. La CEPAL fournit ses propres estimations, mais pas pour 2005-2007.

Les différences sont assez importantes, comme le souligne Carmelo Mesa-Lago. D’une part, un changement est intervenu dans le calcul de l’indice de base de référence pour le calcul du PIB à prix constant. L’administration a passé d’un indice remontant à 1981 à un indice partant de 1997, avec des chiffres publiés en 2001; ce qui a conduit à une forte hausse de la valeur estimée (calculée) du PIB entre 1996 et 2000. D’autre part, suite à des critiques de la méthodologie internationale d’estimation du PIB (faites entre autres par Fidel Castro en 2002), un changement est intervenu dans l’approche du calcul du PIB.

Le ministre de l’économie Rodriguez [sur l’altération brutale de l’équipe dirigeante, voir l’article publié sur ce site le 13 avril 2009]  a modifié la parité de pouvoir d’achat du peso pour l’achat d’un panier de biens. Cette modification, par rapport aux taux de change conventionnels, a abouti une estimation en hausse du PIB. Ainsi, pour 2003, deux chiffres ont été donnés: l’un de 2,6 % pour 2006; l’autre de 3,8%.

Ce dernier chiffre impliquait l’ajout, en termes de valeur, de services dont l’accès est gratuit pour la population, mais qui doivent être subsidiés, ce qui va de soi. Ce changement est certes acceptable. Toutefois, il pose des problèmes pour des comparaisons internationales. Pour simplifier la question est la suivante: si des opérations du cœur sont effectuées à Cuba, pour des Cubains, comment fixer leur valeur en termes monétaires, soit à partir d’un panier de monnaies dollars, euros et autres ? Pour simplifier: selon ce qu’aurait payé par un patient venant du Canada ou du Mexique. Et ils sont nombreux. C’est ce qui est fait  dans la nouvelle méthode adoptée. C’est un élément important du changement de calcul du PIB et ces services ont une grande place à Cuba.

Ces brèves indications «techniques» permettent de saisir les diverses estimations avancées par Carmelo Mesa-Lago. (Réd.)

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Selon Ariel Terrero, commentateur de la télévision cubaine, la centralisation et la planification socialistes permettent au gouvernement cubain de prendre des mesures rapides, de donner la priorité aux investissements stratégiques «afin d’administrer le capital restreint dont dispose la nation». Cuba n’a pas de plan économique – il devrait être approuvé par le Congrès du Parti à la fin 2009, mais on n’en parle pas – face à la pire crise que Cuba traverse depuis l’effondrement de l’URSS. De plus, l’équipe économique dirigeante, dans sa totalité, a été renvoyée au milieu de la crise.

La croissance est passée de 12,5% à 4,3% entre 2007 et 2008. Pour 2009, l’objectif officiel est de 6%. En avril 2009, la CEPAL (Commission économique pour l’Amérique latine et la Caraïbe - de l’ONU) a prévu que Cuba serait une des quatre économies latino-américaines qui va connaître une croissance de 3%. Le ministre cubain de l’économie, en mai 2009, estimait qu’elle «dépasserait le 2%». Pavel Vidal, du Centre d’études de l’économie cubaine, à l’Université de La Havane, envisage trois scénarios: l’optimiste, avec une croissance de 2,5 %; l’intermédiaire, avec une croissance de 1 % et le pessimiste avec moins de 0,5 %. Cette dernière prévision paraît la plus probable à la lumière de ce qui s’est passé au cours de la première moitié de l’année 2009 est d’une croissance mondiale estimée par la Banque mondiale à -3 %. Le nombre de touristes, source de devises clé a diminué, dès février 2009, et a chuté de 2,6 % en mars. Les revenus issus du tourisme ont diminué de 14 % au cours du premier trimestre 2009 [1]. Le ministère cubain du tourisme a averti qu’ils diminueront encore tout au long de l’année 2009, parce que le nombre de voyageurs se réduira sous l’impact de la crise économique mondiale.  

La production de nickel, autre source importante de devises [2], et qui représente la moitié des exportations cubaines, a chuté de 8 % en 2008. De plus, le prix mondial du nickel a plongé de 80 %. Il en découle que son exploitation est presque non-rentable. La récolte de cannes à sucre a été de 1,3 million de tonnes, 13 % de moins qu’en 2008 et la demande de cigares (puros) s’est contractée.

La balance commerciale des biens a connu un déficit en 2008 de 7,9 milliards d’euros sous l’effet d’un tassement des exportations, alors que les importations augmentaient de 43 %. Selon le ministre du commerce extérieur, le déficit s’est accentué au cours du premier trimestre 2009. 78 % du total des échanges renvoyaient aux importations et seulement 22 % aux exportations. La perte de devises, sous les effets de la chute des entrées liées au tourisme ainsi que suite au déclin du prix du nickel, est estimée à 740 millions d’euros. Ce qui impliquera une réduction de l’importation de biens de première nécessité.

Malgré la suspension par Obama des restrictions concernant les envois de devises depuis les Etats-Unis, diverses études indiquent que ces envois de devises étrangères (avant tout ceux effectués par les membres de la «communauté cubaine» aux Etats-Unis) se réduiront à cause de la crise qui frappe l’économie américaine. Elle touche le plus durement les migrants récents, qui sont ceux qui envoient le plus de dollars à leurs familles à Cuba.

La dette extérieure s’élève à 13,56 milliards d’euros en 2008. Cela équivaut à 380% de la valeur totale des exportations [3]. Cette situation de manque de liquidités s’est aggravée en 2009, suite aux difficultés rencontrées par Cuba pour l’obtention de prêts, prêts qui coûtent à Cuba [Cuba n’a accès, étant donné son endettement, qu’à des crédits à court terme qui sont plus chers] 20 à 30% de plus [donc sur les taux d’intérêts exigés par les créanciers] que pour les autres pays.

Les banques étatiques cubaines disposent de peu de devises et sont souvent à la limite de l’insolvabilité. Quelque 80 entreprises étatiques ont dû restructurer leurs dettes face à leurs créanciers étrangers. Les comptes bancaires de centaines d’entreprises mixtes ont été bloqués depuis des mois par le gouvernement qui empêche la sortie de profits et qui bloque des paiements à des fournisseurs étrangers. La Banque centrale exige une autorisation pour toutes les transactions supérieures à 10'000 pesos convertibles). Cuba a repoussé l’invitation de l’OEA (Organisation des Etats américains) qui lui suggérait de demander sa réintégration [Cuba considère son expulsion de l’OEA comme non justifiée et Castro considère l’OEA, avec de bonnes rasions, comme sous influence américaine]. Intégration qui lui aurait facilité, par la suite, son accès à des prêts dont elle a besoin, car, par le biais de l’OEA, Cuba deviendrait membre de la Banque interaméricaine de développement (BID).

Une réunion d’économistes, dont le compte rendu a été fait dans le quotidien Granma, indiquait d’autres problèmes. La demande de produits cubains par la Chine et la Russie a diminué; les investissements étrangers ont chuté de 70% et les investissements internes ont déjà été réduits. Des entreprises sont fermées (pneumatique, emballage d’aluminium pour les conserves, produits laitiers) à cause du manque de produits intermédiaires importés et de crédits extérieurs; la dévaluation du dollar face au peso convertible (qui n’a pas été, de façon miraculeuse, affecté par la crise) renchérit le tourisme vers Cuba et diminue les achats faits par les visiteurs. Il en découlera moins de biens alimentaires et de biens d’habillement pour la population cubaine.

Les transports publics à La Havane se sont améliorés grâce à l’importation de 500 autobus chinois, mais le total de la flotte équivaut à 43 % de celle qui existait en 1990. Le manque d’entretien, le remplacement des pneumatiques, la rareté des pièces de rechange a provoqué une nouvelle détérioration des moyens de transport alors que le gouvernement poursuit de ses foudres les taxis illégaux. Plus de 75% des rues de la capitale ont besoin d’être réparées.

Le plan de paiement des salaires liés aux résultats – pilier des réformes de Raul Castro et approuvé il y a 17 mois – ne s’applique qu’à 18% de la force de travail. Les administrateurs des entreprises le rejettent, parce que les techniciens pourraient gagner beaucoup moins que les ouvriers ayant une haute productivité. Le salaire réel a diminué de 3,4% en 2008 et il est prévu qu’il baissera aussi en 2009.

Sur les 100'000 demandes présentées il y a 10 mois pour l’obtention de terres non cultivées appartenant à l’Etat, 73 % ont donné lieu à un contrat, mais seulement 38 % ont été remis aux demandeurs, et cela en usufruit et 20 % seulement ont été semés. Quelque 60% des terres sont infestées par le «marabu» [une plante qui porte atteinte au sol, aussi bien pour l’agriculture que pour l’élevage; elle doit être arrachée; les articles dans Granma sont nombreux à ce sujet]. Le 80 % des usufruitiers manquent d’expériences; ils font face à des crédits inexistants ou insuffisants; ils manquent de semences, d’engrais et de matériel agricole.

Des tonnes de tomates, de betteraves rouges, d’oignons, de patates, de carottes et de cressons ont été perdues par l’incapacité des infrastructures étatiques de les récolter, de les stocker, de les transformer et de les conditionner (conserveries). La production agricole a chuté en moyenne de 7,3 % au cours du premier semestre de 2009 par rapport à 2008: 61 % pour la banane, 33 % pour la viande de porc et 28 % pour la volaille. En 2008, les importations de 80 % des aliments de base ont coûté à Cuba 1,85 milliard d’euros [une partie importante est importée depuis les Etats-Unis].

Pour réduire cette facture, en 2009, ont été réduites de moitié les rations de haricots et de petits pois. Les prix sur les marchés agricoles ont continué à être congelés 9 mois après les ouragans [Gustav, Ike, Paloma, les trois en 2008]. Beaucoup de produits manquent. Même les magasins en devises manquent de poulets, de viande hachée de bœuf, de papiers hygiénique et de dentifrice. Le prix du lait en poudre et celui des conserves est très élevé.

Pour faire face à ces problèmes Juventud Rebelde – quotidien de la «jeunesse cubaine» – a annoncé une expérience qui a eu lieu à La Havane: des entreprises d’Etat ont passé des accords directement avec des paysans et des coopératives. Ces dernières doivent se charger de la collecte, du transport et de la vente en gros leurs produits (cela s’effectue avec le ministère du commerce intérieur et non pas l’organisme chargé de l’approvisionnement). Les ouvriers agricoles gagneront 0,13 euro pour chaque 50 kilos de production et le nombre de marchés agricoles sera doublé à la fin de l’année 2009.

Le plan d’approvisionnement en combustible a été dépassé de 8 % au premier trimestre 2009. Si cette tendance se maintient, il faudra importer 250'000 tonnes de pétrole brut. Pour cette raison, le gouvernement a ordonné une réduction de 12 % de la consommation électrique et a infligé des amendes à des centaines d’entreprises qui ne respectent pas le plan. Il n’y a plus de climatisation dans les magasins et les cinémas; on ne peut plus utiliser de ventilateurs dans les maisons. On est retourné aux interruptions de courant qui avaient pris fin avec la «révolution énergétique» de Fidel.

Il y a trois origines possibles à cette réduction de l’énergie électrique. La première, Chavez pourrait avoir réduit l’envoi de 150'000 barils quotidiens suite à la chute des prix mondiaux du pétrole et des revenus qui en découlent pour son pays. La deuxième a trait aux exportations de brut national, selon le ministère du commerce extérieur, elles se monteraient à 650 millions d’euros. Toutefois, le pétrole cubain contenant beaucoup de soufre, il est possible que cette somme soit le résultat d’une réexportation du pétrole vénézuélien déjà raffiné (comme cela avait lieu déjà avec le pétrole soviétique). La troisième, la production interne déjà stagnante en 2008 a encore plus reculé en 2009 et donc le besoin d’énergie électrique a reculé. Les groupes électrogènes installés par Fidel n’ont pas résolu, sur le fonds, le déficit énergétique.

La crise n’a pas atteint les sommets connus en 1992-1994. Et ce pour trois raisons. Chavez assure l’envoi de 65% du pétrole nécessaire à des prix subventionnés pour une somme équivalente à 1,85 milliard d’euros [selon les estimations, qui fluctuent] et le gouvernement vénézuélien verse 4 milliards d’euros pour les 40'000 enseignants, médecins, etc. cubains qui travaillent au Venezuela. De plus, 65% de Cubains reçoivent des envois de devises (remesas) de l’étranger. Néanmoins, si l’économie ne croît que de 0,5 %, Cuba connaîtra le chômage le plus fort connu depuis 1994.

Avant cette grave crise, on devait déjà préparer le VIe Congrès du parti communiste, qui devait se tenir, comme l’a annoncé Raul Castro il y a un an, lors du second semestre de 2009. Le dernier Congrès s’est tenu en 1997, bien que les statuts exigent un Congrès tous les cinq ans.

Le Congrès à venir doit approuver le plan économique pour 2010-2014 et la stratégie face à la crise. Pourtant, lors des réunions locales du parti en 2009, ces questions n’ont pas été mentionnées. Les ordres du jour des assemblées locales ne comportent pas ce thème de discussion. Or, ces assemblées doivent élire les délégués qui devant discuter du plan. Il existe une rumeur que le Congrès sera postposé à cause de la crise.

Cependant, l’économiste indépendant cubain Oscar Espinosa Chepe, donne trois raisons à la situation actuelle de renvoi possible du Congrès: l’insatisfaction populaire; le danger que la discussion échappe au contrôle et l’obstination à ne pas entreprendre des réformes économiques profondes telles que recommandés par de nombreux économistes du pays.

De là le grand paradoxe de la situation cubaine: une économie centralisée qui ne tire pas avantage de son pouvoir pour planifier et pour établir une stratégie cohérente qui la sorte du marasme dont elle souffre. (Traduction A l’encontre)

* Carmelo Mesa-Lago est professeur émérite d’économie et d’études latino-américaines à l’Université de Pittsburgh. Il a publié de nombreux ouvrages sur Cuba et sur le système de sécurité sociale en Amérique latine, ce qui lui a valu les honneurs de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) en 2007. Né à Cuba, favorable tout d’abord à la révolution de 1959, il a quitté l’île en 1962. Il subit des attaques aussi bien de la part des anti-castristes (site Por Cuba y para Cuba) qui le traite «d’apologistes» du régime, que des «pro-castristes» qui le considère comme «unilatéralement critique». Lors de la publication de son premier ouvrage, The Economy of Socialist Cuba. A Two-Decade Apparaisal, Albuquerque, University of New Mexico Presse, 1981, la revue française Tiers-Monde écrivait (1983, vol.24, N° 93, p.219), sous la plume de Maxime Haubert, écrivait. «Peut-être est-ce l’un [parmi les auteurs] des plus objectifs: en tout cas, bien qu’il ne cache pas ses critiques, il ne force pas le trait et manifeste sa sympathie pour plisieurs des réalisations du régime.» Certes Haubert indique que C. Mesa-Lago demandait peut-être un peu trop à la Révolution, dans le délai de vingt ans et compte tenu du blocus nord-américain, sans même mentionner les séquelles de l’ancien régime, en termes de luttes contre les inégalités. Depuis lors, Carmelo a publié de nombreux articles  et ouvrages sur Cuba, parmi lesquels il faut citer: Cuba's Aborted Reform: Socioeconomic Effects, International Comparisons, and Transition Policies (écrit avecJorge F.  Perez-Lopez) University Press of Florida, 2005. (Réd.)

1. Le type de tourisme actuel exige des importations de biens intermédiaires et de biens de consommation qui sont voraces en devises. Le calcul des recettes nettes de devises dans ce secteur mériterait d’être fait ou le résultat connu. (Réd.)

2. Parmi les sources de devises,  il faut mentionner: le nickel, le tourisme, les «remesas», les IDE (investissements étrangers), les services rendus par les médecins et les enseignants cubains envoyés à l’étranger (le chiffre n’est pas connu). Il faut y ajouter, l’exportation de médicaments, de produits de la pêche et d’agrumes. Le sucre et les cigares n’ont plus la place occupée dans le passé. A cela, il faut ajouter, de fait, la fourniture de pétrole par le gouvernement vénézuélien; selon le prix du pétrole sur le marché mondial (qui est très fluctuant), le prix très bas fait à Cuba implique un subside très important. (Réd.)

3. Dans Le monde du 22 août 2006, C. Mesa-Lago estimait la dette extérieure à 13 milliards de dollars; sans compter les 26,7 milliards de dollars comptabilités par la Russie et les «ex-pays socialistes». (Réd.)

(24 juillet 2009)  

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