France

 

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Participation aux élections:
le temps du bilan n’est-il pas venu ?

François Chesnais *

«Trois candidats, un programme», titrait l’hebdomadaire Politis dans son n° 938 du 8 février 2007. La déception est grande parmi celles et ceux qui se sont mobilisés dans les comités – comités nés à l’occasion de la campagne référendaire contre le TCE (Traité constitutionnel européen, votation en France le 29 mai 2005).

Beaucoup ont cru, sur cette lancée, à la possibilité de choisir un ou une candidat·e unique, derrière lequel l’ensemble des comités, mais aussi les différentes organisations politiques de la «gauche radicale», feraient la campagne présidentielle. Cela aurait permis à ce ou à cette candidat·e d’être – peut-être, comme le pensaient certaines –présent au second tour et, avec une probabilité un peu plus grande, d’arriver en troisième position au premier tour (le 22 avril), donc «en position de force».

Là commençaient les divergences. Un bon résultat devait créer pour les uns la possibilité de négocier un certain nombre «d’accords», avouables et moins avouables, avec le Parti socialiste (PS). Alors que pour des autres, ce résultat servirait de tremplin pour le combat contre la politique social-libérale qui est celle du PS comme tel, autant que celle de sa candidate Ségolène Royale.

L’effondrement des illusions – illusions passagèrement suscitées par le succès des grands meetings de l’automne chez les militant·e·s de la «gauche du Non au TCE» – ouvre une phase difficile. La position que je défends ici est que la seule manière de rebondir consiste à tirer, au plus vite, le bilan. Celui-ci ne doit pas porter seulement sur les derniers six mois. Il faut réfléchir à ce qu’il pourrait y avoir de profondément antinomique entre, d'un côté, une défense de positions anticapitalistes tant soit peu cohérentes (il faudra débattre un jour pour savoir si ce terme a un sens et dans ce cas lequel) et, de l’autre, une participation devenue rituelle aux élections présidentielles de la Ve République.

Au lieu de l’unité, il y a aujourd’hui la division. Trois candidats de la «gauche radicale» – pour autant qu’ils aient réuni les 500 signatures – vont se disputer les voix de ceux et celles qui ne décideraient pas de voter pour Arlette Laguiller, candidate de Lutte Ouvrière (LO). Arlette Laguiller est certes, comme l’a énoncé sa campagne d’affiches, «depuis toujours dans le camp des travailleurs». Toutefois, elle est aussi celle qui, depuis vingt ans, les a engagés dans un processus de banalisation des institutions de la Ve République qui est devenu de plus en plus paralysant pour la lutte contre le pouvoir de la bourgeoisie.

Le débat qui s’ouvre

En marge de l’activité quotidienne de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), un débat très intéressant sur la «stratégie» s’est engagé entre ses membres, et d’autres, dans les pages de deux numéros de sa revue Critique communiste. Ce débat qui va sûrement se poursuivre.

Dans le début prometteur de son article, Daniel Bensaïd invite les militant·e·s à se débarrasser de «l’illusion sociale» [de l’illusion du mouvement social per se] et à rendre sa place au politique. Celui-ci n’est pas réductible, dit-il, au mouvement social qui ne peut pas tout à lui tout seul. C’est effectivement quelque chose que l’expérience des derniers dix-huit mois confirme.

Samuel Johsua est plus concret et précis. Dans sa contribution, il écrit: «D’un certain point de vue, notre participation [celle de la LCR] contribue à la légitimation du système ; c’est indéniable» (Critique communiste, novembre 2006). Samuel Johsua invoque des nécessités relevant de la théorie de la «guerre de position» formulée par Gramsci dans les années 1920 [in Cahiers de prison, 13, 14, 15 – Notes sur Machiavel]. L’essentiel, ici, est que la participation aux élections, aux élections présidentielles, n’est pas quelque chose qui irait de soi.

Cette question ne vaut pas seulement pour la LCR, mais aussi pour Lutte Ouvrière et pour le Parti des travailleurs [PT, organisation du courant dit lambertiste, qui fait référence aussi à Trotsky, mais surtout à Lambert] – pour autant qu’il puisse y avoir un vrai débat dans ces deux dernières organisations. Elle vaut aussi pour les militant·e·s des comités, dont le but était et reste toujours de «faire de la politique autrement».

Pour ma part, je formulerai la question de la manière suivante: «Est-il aujourd’hui vraiment possible d’aider les travailleurs et les travailleuses, les salarié·e·s à se mettre en ordre de bataille face aux attaques du Medef [Mouvement des Entreprises de France, organisation patronale, dont la présidente est Laurence Parisot] et des gouvernements, que ceux-ci mènent une politique de droite ouverte et brutale, ou de «gauche» plus «humaine» et insidieuse ; peut-on le faire sans, dans le même mouvement, aussi les appeler et les seconder afin qu’ils puissent se dresser face aux institutions politiques, qui sont le point d’appui immédiat de ces attaques, en l’occurrence celles de la Ve République, même si celles de l’Union européenne (UE) se tiennent à l’arrière-plan et que les premières leur servent de relais ?»

La mise en place du piège

En mai 2006, je suis intervenu à la réunion du «Comité du 29 mai» du 11e arrondissement de Paris. Au cours de la réunion, le comité s’est transformé de facto en comité pour la candidature unie de la «gauche du Non» à la présidentielle. Les divisions entre les principales formations politiques étaient sensibles, de même que celles au sein de la LCR [diverses tendances existent publiquement dans la LCR et sont reconnues par cette organisation et son fonctionnement]. J’ai plaidé pour que nous ne nous laissions pas entraîner sur ce terrain électoral miné, et pour que soit respecté et préservé tout ce qu’il y avait eu d’original dans notre comité sur le plan de l’auto-organisation des militant·e·s, des débats sociaux et politiques ainsi que des démarches non partisanes au moment du référendum.

J’ai assisté plus tard, en auditeur, à deux réunions publiques centrales des comités: L’une à Paris, rue Lafayette, en juin 2006, et l'autre à Montreuil [dans la banlieue proche de Paris] début décembre. Mais je me suis tu, y compris sur les listes de débats sur Internet, car une «machine» était en marche que rien ne pouvait arrêter.

La majorité des militant·e·s sont encore sous le choc de la division. Toutefois, un certain nombre se sont réengagés ou ont continué à s’engager dans les comités, et beaucoup commencent à chercher à comprendre comment on en est arrivé là. En fait le piège a été mis en place en deux temps.

Le premier temps a commencé en mai 2005, dans la toute dernière phase de la campagne du Non au TCE, au moment où la perspective d’une victoire s’est précisée. Ce premier temps s’est prolongé jusqu’au printemps 2006. Par une certaine persuasion, mais surtout parce qu’ils possédaient les moyens organisationnels supérieurs hérités de l’appareil autrefois puissant, les porte-parole du Parti communiste français (PCF) dans les comités ont commencé à expliquer qu’en cas de victoire du Non il n’était pas question de «faire campagne pour virer, dans la foulée, Chirac».

Ils ont désigné les élections présidentielles et législatives de 2007 comme étant «l’échéance capitale», celle qui ferait aboutir les aspirations ayant commencé à s’exprimer dans les comités lors de la campagne. Dans le 11e arrondissement de Paris, cela s’est passé lors d’une grande réunion, dans l’ancienne Maison des métallos, rue Jean-Pierre Timbaud. Dès le soir du 29 mai, à l’occasion du triste meeting à la Bastille, la majorité des orateurs (PCF, mais aussi PRS [Parti pour une république sociale], etc.) ont mis le paquet pour affirmer que l’étape suivante se situait en 2007.

Beaucoup ne se sont pas reconnus dans cette orientation, mais ils ne lui ont pas opposé une position qui incluait un rappel de la nature des élections sous la Ve République. A défaut d’avoir une position aidant au moins une partie de celles et de ceux qui avaient voté Non à prolonger leur rejet de la Constitution européenne par un début de rejet des institutions de la Ve République – qui assurent la domination politique des forces qui avaient défendu le TCE –, ils se sont reposés sur l’espoir que le «mouvement social» aurait raison, par sa force propre, des positions du PCF et de ses alliés de fait.

A l’automne 2005, il a semblé, un cours moment, que cela pourrait être le cas. Lorsque le mouvement vers la grève générale des services publics, étatiques et municipaux, ainsi que des enseignants à Marseille et dans la région PACA [Provence-Alpes-Côte d’Azur] a été contenu, cette perspective s’est estompée. On s’est enfoncé peu à peu, à la LCR entre autres, dans la discussion sur les alliances, principalement à propos du PCF, et sur les conditions politiques auxquelles ces alliances seraient acceptables.

Pendant plusieurs mois, les comités ont vécu en roue libre. Les militants «non-encartés» n’ont pas été consultés sur les discussions en cours dans les organisations et entre les organisations. Lorsqu’ils ont pu se tenir au courant, cela n’a été que par des contacts personnels avec des membres de la Fondation Copernic [dont un des animateurs est Yves Salesse] ou de la LCR, ou par le biais de la presse militante et d’organes tels que Politis.

Le second temps commence au printemps 2006. Les comités sont re-convoqués en réunion plénière (voir plus haut à propos de la réunion du comité du 11e arrondissement). L’échéance électorale de 2007 est présentée comme l’horizon de la vie politique de la gauche non social-libérale, justifiant que ce soit la question dont les comités se saisissent à titre principal, si ce n’est exclusif. On annonce aux militant·e·s que, grâce en particulier à la Fondation Copernic, une esquisse de programme est prête et peut être mise en discussion. Mais surtout on leur indique qu’ils vont devoir faire face à un problème déjà discuté depuis des semaines entre les «orga»: celui du candidat ou de la candidate qui représentera les comités. Et «cela ne sera pas facile». Les non-encartés, du moins les plus «informés», s’aperçoivent que la division est déjà là. Certains pressentent que les jeux sont déjà faits, notamment parce que ce qui reste de l’appareil du PCF joue son existence. Toutefois, beaucoup veulent garder l’espoir que la division pourrait être surmontée. Certaines «personnalités» qui rêvent d’être le ou la candidat·e de l’unité les y encouragent. Les militant·e·s non-encartés des comités vont accepter ce qui est, bien sûr, une «mission impossible» et y user leur temps et leur énergie.

La pilule est particulièrement amère pour celles et ceux qui ont lutté contre la division jusqu’au bout ; même si pour certains la «solution José Bové» va servir de d’«épreuve de rattrapage». Mais la désillusion est également grande chez un certain nombre de salarié·e·s, qu’ils soient au travail ou au chômage. Les militant·e·s vont continuer à militer: les uns en soutien à José Bové ; d’autres, dans beaucoup de cas par réflexe atavique, pour la dirigeante du PCF, Marie-Georges Buffet. Au sein de la LCR, les militantes et les militants qui s’identifient peu ou prou avec la décision de présenter Olivier Besancenot vont tout faire pour que les 500 signatures soient trouvées ; puis qu’une campagne aussi claire que possible soit menée, Dans un cadre différent, il y a celles et ceux qui feront la campagne avec Arlette Laguiller. Mais il importe que pendant qu’ils mènent ce travail, toutes et tous chez qui le doute s’installe (même à Lutte Ouvrière) commencent à identifier l’origine de la situation qu’ils vivent, de façon à réfléchir à la suite et à se préparer à affronter la période qui commencera une fois les élections présidentielles et législatives terminées.

Ce n’est donc pas seulement le bilan des derniers mois qu’il faut faire. C’est tout un chapitre de la lutte politique, au cours duquel l’extrême gauche s’est située dans le cadre de la Ve République et de ses institutions, qu’il faut scruter. Et il est nécessaire d’en apprécier les résultats.

Le risque de «tuer le refus total du système» est bien réel

Dans la recherche de bases théoriques qui pourraient justifier une présence politique dans des institutions établies pour assurer la domination de la bourgeoisie, Samuel Johsua invoque – comme indiqué ci-dessus –, l’opposition proposée par Gramsci entre «guerre de mouvement» et «guerre de position». Les salarié·e·s seraient forcés de mener une «guerre de position», par définition longue, de sorte que leurs organisations révolutionnaires sont contraintes à l’immersion dans les institutions telles qu’elles sont. Mais écrit Johsua, il s’agit quand même de «savoir jusqu’où on peut aller dans le sens d’une “présence institutionnelle” sans tuer le refus total du système» (Critique communiste, novembre 2006).

Ce serait intéressant de savoir (mais seuls des militant·e·s qui ont participé à la vie des comités de bout en bout et suivi toute l’activité du CIUN – Coordination nationale des comités – peuvent le dire) si la volonté d’avoir une «présence institutionnelle» ne fournit pas la clef de l’échec de l’expérience des comités. Beaucoup de militant·e·s ont pris conscience de la faiblesse des «125 propositions» [propositions faites pour des candidatures unitaires de la gauche antilibérale en 2007]. La clef de cette faiblesse, à savoir vouloir être «crédible» auprès des médias mais aussi du PS, n’est-elle pas dans l’acceptation des institutions politiques, au mieux un peu toilettées ? N’y a-t-il pas concordance entre les propositions du CIUN pour contrecarrer les effets du néolibéralisme (et non du capitalisme) et le but de ses principaux animateurs de s’insérer dans «le jeu de la démocratie parlementaire», alors même que celui-ci a abouti au degré de dégénérescence que l’on constate aujourd’hui ? Ce serait alors, de façon cohérente, qu’après l’adoption des 125 propositions les dirigeants auraient écarté de façon bureaucratique l’examen et le vote de la «motion d’Aubagne» [1].

La question clef de l’action politique émancipatoire

Dans la discussion sur les risques de contribuer à «tuer le refus total du système», beaucoup de paramètres doivent être considérés. Dans le cas de la France, il est possible d’en parler dans un contexte où des combats comme celui du CPE [Contrat première embauche, printemps 2006] semblent indiquer qu’en tant que réflexe élémentaire «le refus total du système» est toujours vivace. Mais on est néanmoins dans un contexte où un certain nombre de facteurs très, très importants ont changé du tout au tout. L’un, dont on ne parle jamais, est la quasi-disparition de toute référence dans «l’agit-prop» des organisations d’extrême gauche à ce qui est au fond la question clef de l’action politique émancipatoire, à savoir «qui dans la société a la légitimité pour gouverner dans l’intérêt de la grande majorité, pour diriger la production sur la base de ce critère ainsi que de décider de l’utilisation du surproduit social ? Les patrons et l’Etat qui les soutient et qui est aussi patron lui-même ou les salarié·e·s, les travailleurs et les travailleuses ?»

Au moment où Gramsci écrivait, la révolution d’Octobre 1917 avait fait naître l’idée, et même ancré la conviction dans toute une «avant-garde», que les travailleurs et les travailleuses possédaient bien cette légitimité. Au sein de cette «avant-garde» les débats, voire les affrontements, ne portaient que sur les modalités d’exercice de cette légitimité, par l’intermédiaire du «Parti» ou sur la base d’institutions exprimant l’union des producteurs associés. C’est parce qu’il pense qu’ils sont armés de cette conviction que Gramsci conçoit que les travailleurs des villes industrielles du Nord de l’Italie puissent mener une «guerre de position» [2]. Nous ne sommes plus dans les années 1920.

Aujourd’hui, l’une, sinon la tâche prioritaire est d’agir politiquement (et socialement) pour aider à diffuser de nouveau l’idée que la légitimité des salarié·e·s à diriger la société est la question politique fondamentale, celle qui détermine leur avenir et celle de leurs enfants.

Dans une situation où chaque jour apporte les informations sur de nouvelles décisions prises contre les salarié·e·s, qui traduisent la cupidité et l’irresponsabilité sociale des élites bourgeoises, et très souvent leur incompétence manifeste (la crise d’Airbus avec ses licenciements, par exemple), les interrogations des salarié·e·s – auxquelles il faudra de plus en plus répondre, fût-ce ensuite pour continuer à les susciter – ne sont-elles pas du type suivant: «Pour défendre nos emplois, ne va-t-il pas falloir nous emparer des usines, des centres de recherches (Alcatel-Lucent) qui vont être fermés, ou qui sont vendus à des fonds spéculatifs, les occuper et montrer que nous sommes capables et prêts à les faire fonctionner ?»

 Cette question n’est-elle pas la formulation particulière, sur un site de travail donné, de la question plus vaste et plus cruciale: «Qui peut le mieux gouverner la société dans l’intérêt du plus grand nombre et des plus vulnérables de ses membres ?»

C’est dans le travail de popularisation de ces questions – sur la base d’exemples concrets – que pourrait se trouver l’un des éléments de réponse à la question que les militant·e·s formés dans les organisations marxistes révolutionnaires (trotskystes) nomment dans leur langage la «question du gouvernement». Mais cela suppose d’aider les salariés à se placer face à la Ve République, en «extériorité» à ses institutions. J’y reviendrai prochainement. (5 mars 2007)

1. Le 22 mai 2006, le collectif «Pour un rassemblement antilibéral de gauche et des candidatures communes» (Aubagne-Marseille) écrivait: «Pour le contenu, la charte adoptée par les collectifs du 29 mai nous semble une base unitaire incontournable pour discuter du programme de ce rassemblement – préalable nous semble-t-il à toute discussion plus avancée sur des candidatures aux élections. Nous porterons également des exigences d’horizontalité, de dynamique par le bas et de respect du sens du vote du 29 mai 2005. Enfin, notre collectif s’était positionné pour l’émergence d’une candidature a-partidaire, qui peut être à même de rassembler largement à notre sens.» – (Ndr)

2. La notion de «guerre de position» doit aussi être restituée dans son contexte. Après l’échec de l’occupation des fabriques – occupation  qui commença en août 1920 et fut battue et réprimée fin de la même année – le Parti National Fasciste de Mussolini entre au parlement lors des élections de mai 1921 avec l’appui de Giovanni Giolitti, politicien de grande expérience et qui sera président du Conseil de juin 1920 à juin 1921. Il refusera d’être sur les listes du parti fasciste et prend ses distances avec le «parlement corporatiste» en 1928, année de son décès. Il faut aussi saisir ce «concept» de «guerre de position» dans la conception de Gramsci comme lié à un une bataille pour «l’hégémonie» dans une formation sociale italienne dont une partie importante est encore dominée (hégémonisée) par l’Eglise catholique, le Vatican et les formations politiques de droite catholique, encore plus nettement dans le grand Sud italien. (Ndr)

* François Chesnais, rédacteur responsable de la revue Carré rouge et auteur, entre autres, de la Finance capitaliste (avec Gérard Duménil, Suzanne de Brunhoff, Michel Husson) publiée en 2006 (PUF, Actuel Marx), membre du Conseil scientifique d’attac (France).

(5 mars 2007)

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