France

Henri Sterdyniak

Version imprimable



«La dette: où est le problème ?»

Henri Sterdyniak *

Dans le prétendu débat sur le déficit de l’AI (Assurance invalidité), en vue de la votation du 27 septembre 2009, il est souvent fait référence, en Suisse française, au «trou de la sécurité sociale» en France. La propagande ne fait pas dans la dentelle. Il s’agit simplement de faire peur et de mobiliser le sentiment selon lequel une assurance effectivement sociale ne peut que conduire à un «désastre financier». Pour ce faire, les slogans du patronat français sont repris. Dès lors, nous publions ici un court article d’un économiste reconnu qui fait le point. Une utile précision. (Réd.)

*****

Où est le problème ? La France a un taux de fécondité satisfaisant, un taux d'épargne parmi le plus élevé du monde. L'opposition entre jeunes et vieux est une manœuvre orchestrée par les lobbies patronaux et les compagnies d'assurances pour mettre à bas idéologiquement notre système de protection sociale et n'a aucun fondement économique.

Notre système social par répartition fonctionne depuis 1945 et assure aux personnes âgées un niveau de vie comparable à celui des personnes en activité. Face aux défis démographiques, il faut une mobilisation sociale des entreprises et des syndicats pour augmenter progressivement les taux d'activité des seniors. Cela sera d'autant plus facile que l'on se rapprochera du plein-emploi qui reste un objectif atteignable en France. Il n'y a aucune raison de faire le Grand Soir de la réforme antisociale. La crise financière a montré les dangers de la retraite par capitalisation. La balle est dans le camp des entreprises pour résoudre la question de l'emploi des seniors.

La dette publique est dans la norme actuelle de l'économie mondiale. L'actif net des administrations est positif ; la France n'est pas endettée à l'étranger. La dette publique augmente parce que les Français veulent détenir des actifs financiers. La France s'endette à des taux très raisonnables de 4%, ce qui représente une rémunération de 2,8% après impôts et de 0,8% net de l'inflation lorsque celle-ci est à 2%. Il n'y a donc pas de risque d'effet "boule de neige" contrairement à ce que l'on nous raconte. C'est une fable: dans un système financier moderne, on a besoin d'un stock de dette publique, qui sera transmis de génération en génération. Nos enfants paieront nos retraites et leur retraite sera financée par leurs propres enfants.

Evidemment, pour assurer l'équilibre, il nous faut protéger nos recettes et ne pas dilapider les ressources publiques en cadeaux fiscaux clientélistes type TVA restauration à 5,5% ou baisse des droits de succession. Notre grande force reste la cohésion sociale. Il faut aussi protéger nos dépenses d'avenir, éducation, formation, etc...

* Directeur «Economie de la mondialisation» à l'OFCE (Observatoire Français des Conjonctures économiques) ; l’OFCE est dirigé par Jean-Paul Fitoussi et se situe dans le cadre de Sciences Po. Le «point de vue» d’H. Sterdyniak a été publié dans le quotidien économique français La Tribune.

(4 septembre 2009)

Haut de page
Retour


case postale 120, 1000 Lausanne 20
Pour commander des exemplaires d'archive:

Soutien: ccp 10-25669-5

Si vous avez des commentaires, des réactions,
des sujets ou des articles à proposer: