France

 

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Ne rien lâcher !

Bulletin de Solidaires

Nous publions ci-dessous les Bulletin de Union des syndicats Solidaires sur les mobilisations en France. Ils traduisent pour nos lectrices et lecteurs l’activité revendicative de masse en France – au cours de cette crise sociale et politique qui peut se diriger vers une crise de régime ouverte – de manière à mieux appréhender un épisode fort important des luttes de classes en Europe. (Réd).

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Numéro N° 9 du 19 octobre

La grève interprofessionnelle et nationale pour le retrait du projet de loi sur les retraites

Nouvelle journée de manifestation, ce mardi. Deuxième semaine de grève dans de nombreux secteurs. Vote de la loi au Sénat, jeudi. C’est maintenant que ça se joue: renforçons la grève, pour gagner le retrait et ne pas perdre 2 ans de notre vie !

Manifestations dans toute la France

Ce mardi, l’ensemble des organisations syndicales appelle à manifester. A la veille du vote par le Sénat, il est décisif d’être extrêmement nombreux/ses dans les rues pour redire notre refus de la contre-réforme gouvernemental, notre volonté d’un autre partage des richesses.

La grève est reconduite

Lundi, les salarié-e-s des 12 raffineries du pays ont reconduit la grève ; de même pour les Assemblées Générales de cheminot-e-s dans toute la France ; la grève se poursuit aussi dans des dizaines de centres d’impôts, de très nombreuses Collectivités Territoriales, plusieurs académies de l’Education nationale, à EDF/GDF Suez, dans un nombre important d’entreprises privées (Chimie, Automobile, ...) ; lycéen-ne-s et étudiant-e-s sont aussi dans l’action

Les grévistes agissent

Dans tous les départements, des barrages ont été formés devant des dépôts de carburants, à l’entrée de zones industrielles, de ports,... C’est une réponse au gouvernement qui expulse des piquets de grève, menace de prison les grévistes des raffineries, fait charger violement les manifestations lycéennes.

Grève générale !

Nous sommes dans la 2ème semaine de grève.

Des millions de salarié-e-s manifestent. Le projet de loi est soumis au Sénat demain mercredi 20 octobre. Plus que jamais, il est de la responsabilité du mouvement syndical d’appeler clairement à la grève générale. C’est ce que défend publiquement l’Union syndicale Solidaires, c’est ce que nos équipes syndicales mettent en œuvre, avec les collectifs militants d’autres organisations.

Il s’agit d’efficacité. Nous voulons que ce projet de loi soit abandonné, et pour cela il faut amplifier le mouvement entamé il y a une semaine.

• Le bénéfice des seules entreprises françaises du CAC 40, uniquement pour les années 2007 à 2009, c’est ... 212 milliards d’euros. Ces mêmes bénéfices ont augmenté de 85% au premier semestre 2010.

Et il n’y aurait pas d’argent pour nos salaires et nos retraites ?

• Il y a 15 ans, 76% de la richesse produite par notre travail était reversée en salaires. Aujourd’hui, on ne nous restitue que 66% de la richesse que nous produisons. Outre l’exploitation toujours plus grande que cela représente, c’est aussi plus de 50 milliards par an perdus pour les cotisations sociales.

Pendant ce temps, les dividendes versés aux actionnaires ont considérablement augmenté. Nous avons perdu en salaires, protection sociale, retraite, ce que patrons et actionnaires ont gagné en profits supplémentaires.

Et si on inversait la tendance ?

• Gouvernement et patrons disent: En 2000, 2 salarié-e-s cotisaient pour 1 retraité-e. En 2040, il n’y aura qu’1,25 salarié-e pour 1 retraité-e, ce ne sera pas suffisant. Ils « oublient » de dire: Chaque salarié-e de 2040 produira, pour le même temps de travail, autant que 2 salarié-e-s de 2000.

Donc, il y aura largement de quoi payer les cotisations d’1 retraité-e, mais aussi augmenter les pensions, les salaires, diminuer le temps de travail. A condition de taxer les profits, pas notre niveau de vie !

Assez d’inégalités, clament le gouvernement et les patrons ...

• Député-e-s et sénateurs/trices touchent une retraite à taux plein après 22,5 années de cotisations. Un-e parlementaire ayant exercé deux mandats touche à 60 ans une retraite de 3 096 euros par mois ... et pour 80% d’entre eux, cela se cumule avec d’autres retraites.
• Exonération de cotisations sociales pour les patrons et stock-options: 3,3 milliards par an.
• Intéressement et participation: 8 milliards par an.
• mesures « pour l’emploi »: 3 milliards par an (subventions au patronat)
• Fond de réserve pour les retraites: 33 milliards.
• Bouclier fiscal: 585 millions par an.
• En 2008, 834 contribuables dont le patrimoine est supérieur à 15,6 millions d’euros ont touché, chacun-e, 368 261 euros.
• Niches fiscales réservées au 1% les plus riches: 3 milliards par an. Oui, il y a d’autres solutions que d’allonger la durée de cotisations, repousser l’âge de la retraite et baisser les pensions !
• Le Conseil d’Orientation des Retraites estime qu’en 2050 le besoin de financement des régimes de retraite serait de 115 milliards d’euros. Mais selon les mêmes estimations Le Produit Intérieur Brut sera alors supérieur à 3 800 milliards d’euros. Soit 1 900 milliards de plus qu’aujourd’hui.

Difficile de trouver éventuellement 115 milliards pour nos retraites dans ces 1 900 milliards supplémentaires ?

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Bulletin N° 10 du 20 octobre 2010

Retraites, ne rien lâcher !

Sixième journée de très fortes manifestations depuis la rentrée !

La journée du 19 octobre a été un succès avec 277 défilés dans toute la France, un record historique, et une journée au moins équivalente à celle du 12 octobre qui avait vu de 3,5 millions de manifestants dans les rues. Prolongeant les grèves reconductibles et les actions de blocage de l’économie dans un certain nombre de secteurs, cette journée montre que la détermination des salariés, des jeunes, des chômeurs et des retraités est intacte.

La population refuse massivement le projet gouvernemental

Malgré la volonté du gouvernement de faire voter son texte par une majorité docile, malgré les discours, répétés en boucle, sur son intransigeance affichée, la volonté de faire échec à un projet de loi inique est toujours aussi forte et son rejet par la population toujours aussi important. Les provocations policières répétées, les réquisitions illégales de salariés, les menaces contre les grévistes, ne réussiront pas à entamer cette détermination.

Un autre partage des richesses, pour des solutions plus justes

Car, la propagande gouvernementale, malgré ses moyens immenses, n’a pas réussi à persuader nos concitoyens que le projet gouvernemental était juste et justifié. Ce projet reprend intégralement les desiderata du patronat, que ce soit en matière de report des âges de départ à la retraite, de l’allongement de la durée de cotisation, du refus de prendre en compte la pénibilité du travail, du sabordage de la médecine du travail. Face à cette régression sociale programmée, il faut imposer un autre projet basé sur une plus juste répartition de la richesse produite.

Le bras de fer est engagé, il faut se donner les moyens de le gagner

Le Sénat va maintenant voter le projet de loi du gouvernement. Mais ce vote ne boucle pas le parcours institutionnel puisque, après une réunion de la Commission permanente des deux chambres, un nouveau vote aura lieu à l’Assemblée nationale et au Sénat. Dans cette situation, il s’agit de ne rien lâcher. Le bras de fer est engagé, il faut le gagner, il faut s’en donner les moyens. Face à un gouvernement qui ne veut faire aucune concession, qui refuse toute négociation, il n’y a qu’une solution, amplifier et approfondir la mobilisation.

Étendre la grève reconductible

Pour l’Union syndicale Solidaires, la grève reconductible doit s’étendre à tous les secteurs. Partout des assemblées générales doivent avoir lieu pour discuter et décider de la reconduction. La grève doit devenir massive et généralisée.

L’intersyndicale doit donner des perspectives d’élargissement

Il est de la responsabilité de l’intersyndicale de donner, lors de sa prochaine réunion jeudi, des perspectives d’élargissement à ce mouvement de fond. Dans toutes les villes des actions unitaires doivent prolonger la journée du 19 octobre, permettant que s’exprime, dans la rue, le rejet par la population de ce projet de loi.

(21 octobre 2010)

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