Forum social mondial

Manifestation de la CONAIE en Equateur

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Lettre ouverte de la CONAIE au IXe FSM

 

Chers camarades du FSM,

La Confédération des Nations indigènes de l’Equateur (CONAIE), suite à l’annonce de la présence du président de la République de l’Equateur, Rafael Correa, au FSM qui se déroule dans la ville de Belem (Brésil), exprime:

1. Son opposition et son refus de la présence de l’économiste Rafael Correa, président de l’Equateur, dans un lieu où historiquement se construisent des alternatives et des assurances pour les droits des Peuples et pour la vie ; un lieu qui ne peut servir de tribune pour un président dont les positions sont marquées par le racisme, le machisme, le paternalisme, des options discriminatoires, le sexisme et la violence. Le président de l’Equateur viole nos droits fondamentaux et porte atteinte gravement à nos organisations et institutions indigènes. Le régime de Correa soutient l’exploitation du pétrole dans les territoires des Peuples indigènes en ne tenant pas compte de leurs pleins droits à l’exercice de leur libre détermination, créant de ce fait une situation de génocide. Le président Rafael Correa et ses ministres: Fernando Bustamante, Gustavo Larrea, et la secrétaire d’Etat Manuela Gallegos ont adopté des positions racistes, divisionnistes et attentatoires aux droits fondamentaux et à la dignité indigène. La longue nuit néolibérale est toujours présente en Equateur.

2. La CONAIE dénonce avec force la répression dont furent victimes les communautés indigènes qui résistèrent à la privatisation de leur territoire, de la biodiversité et de l’eau. Nous fûmes l’objet de persécutions et d’une criminalisation de notre droit à la résistance sociale. Lorsque nous avons réclamé et respect et des garanties pour nos droits, nous avons été accusés par le président de la République et ses ministres d’être des «terroristes», «ignorants», «délinquants», «fondamentalistes» et «personnes infantiles». La répression a été grave contre les communautés de Dayuma, Molleturo, Cuyabeno, où les forces armées utilisèrent des hélicoptères, des gaz lacrymogènes, des armes de gros calibre. On a agressé de manière indiscriminée femmes et enfants. Le gouvernement de Rafael Correa a imposé des lois favorables à l’exploitation de mines dans les territoires indigènes, ignorant et violant de manière flagrante et de manière réitérée le droit à être entendu, droit qui est établi dans la Convention 169 de l’OIT et dans la déclaration de l’ONU ayant trait aux droits indigènes.

3. La CONAIE s’est opposée à des lois ayant trait à d’extraction de la richesse du sol du régime de Rafael Correa, telles que la loi sur les mines, le projet de loi concernant le développement des biocombustibles et des transgéniques et une loi qui n’assure pas la souveraineté alimentaire. Nous attirons l’attention du FSM sur le fait que le discours et les pratiques de la Révolution citoyenne en Equateur se développent et s’imposent en niant et en violant les droits fondamentaux et collectifs qui sont pourtant garantis par des institutions internationales rendant leur respect obligatoire. Nous alertons le FSM que le régime de l’Equateur utilise l’argument de la Révolution citoyenne et du socialisme du XXIe siècle comme un argument idéologique au nom duquel on réprime et porte atteinte à la dignité et aux droits de nos Peuples.

4. La CONAIE, dans le cadre de l’exercice des droits des Peuples indigènes et des droits fondamentaux, demande au Mouvement indigène mondial qu’il s’adresse au FSM pour:
a) déclarer persona non grata, par rapport à l’esprit du FSM, le président de l’Equateur. Le FSM se doit de reconnaître la légitimité de nos revendications, de nos droits et des Peuples indigènes du monde et c’est dans ce contexte que nous ne devons et ne pouvons risquer de mettre en cause la légitimité et la crédibilité du FSM ;
b) suspendre les manifestations du FSM auxquelles le président Rafael Correa Delagado est présent et que le FSM rende publique sa condamnation des violations des droits de tous les Peuples qui forment la société équatorienne.

5. La CONAIE confirme l’esprit démocratique, de paix, de défense intransigeante des droits de nos Peuples de la Terre mère et son engagement auprès des causes nobles de construction de sociétés dans lesquelles soient garantis les droits de tous les Peuples [indigènes] de la planète.

«Les Peuples indigènes ne sont pas la cause du problème, ils sont un élément des solutions aux problèmes.»

«Le racisme sous toutes ses formes est immoral, misérable et ceux qui le pratiquent le sont aussi.»

Conseil de gouvernement de la CONAIE

(Traduction A l’Encontre)

(29 janvier 2009)

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