Palestine-Israël

 

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Prisonniers palestiniens:
la torture érigée en système par Israël

K. Abdelkamel *

Des voix d’organisations israéliennes de défense de droits de l’homme se sont élevées pour dénoncer les conditions inhumaines dans lesquelles vivent les 11’000 détenus palestiniens, souvent objets de torture pendant leur incarcération.

Dans un rapport rendu public, le 5 mai 2007,  des organisations israéliennes de défense de droits de l'homme affirment que les agents du service de sécurité intérieure israélien, Shin Beth, recourent systématiquement aux «mauvais traitements» qui, parfois, relèvent de la «torture» à l'encontre de prisonniers palestiniens.

Le Centre d'information israélien pour les droits de l'homme dans les territoires occupés, B'Tselem, et le Centre pour la défense des personnes, qui sont les auteurs de ce document, se basent sur le témoignage de 73 Palestiniens de Cisjordanie interrogés par le Shin Beth entre juillet 2005 et janvier 2006 pour étayer leurs accusations.

Dès leur arrestation, les prisonniers palestiniens ont été battus, humiliés en vue de les «attendrir», autrement dit les affaiblir physiquement et psychologiquement avant que le Shin Beth procède à leur interrogatoire, indique le rapport.

Il est précisé que les détenus sont totalement isolés du reste du monde, placés dans des cellules putrides, perturbés dans leur sommeil, mal nourris, humiliés, attachés de façon douloureuse à des chaises au cours des interrogatoires. Cette période s’étale, selon les témoignages, sur une durée en moyenne de 35 jours.

Quant à ceux que les services de sécurité israéliens classent dans la catégorie des «bombes vivantes», parce qu’ils détiendraient des informations susceptibles d'empêcher des attentats, les méthodes sont encore plus dures, ajoute le document. Il y est écrit que «les détenus sont privés de sommeil, sévèrement battus, menottés, à tel point qu'ils saignent aux poignets, forcés à adopter des positions ou faire des mouvements très douloureux».

Bien qu’estimant que ces pratiques ne soient pas systématiquement utilisées, les auteurs du rapport affirment que «ces mesures sont définies comme torture par le droit international». Le Shin Beth est conforté dans sa pratique de la torture parce que les autorités judiciaires israéliennes, aussi bien le procureur général que la Cour suprême, rejettent systématiquement des centaines d'appels présentés par des représentants de détenus.

Pour conclure, les deux organisations de défense de droits de l’homme appellent à l'arrêt «immédiat et total» de ces méthodes d'interrogatoires et à la création d'un organisme indépendant chargé d'examiner les plaintes des détenus et d'enquêter auprès des agents du Shin Beth. Elles prônent  également la présence de caméras vidéo lors des interrogatoires.

Réagissant à ce rapport, le ministère de l'Intérieur a estimé, dans un communiqué, qu’il contenait «de nombreuses erreurs, accusations non fondées et inexactitudes». Il a également affirmé dans son communiqué que ce rapport était «basé sur un échantillon non représentatif, apparemment établi de façon tendancieuse, en vue de déformer la réalité».

Il  donne même carte blanche au Shin Beth en ajoutant: «La mission du Shin Beth est d'assurer la sécurité de l'État et, à ce titre, de mettre en échec et d'empêcher des activités illégales. Pour atteindre ces objectifs, le Shin Beth mène des interrogatoires contre des personnes soupçonnées d'activités terroristes. Dans le passé, la vie de nombreux Israéliens a été sauvée grâce aux informations ainsi recueillies.»

Pour information, plus de 11’000 Palestiniens croupissent dans les geôles de l’État hébreu, dont la grande majorité, soit plus de 9000, est condamnée ou en voie de l'être pour atteinte à la sécurité de l'État, selon des sources israéliennes et palestiniennes.

* K. Abdelkamel est journaliste au quotidien algérien La Liberté.

(7 mai 2007)

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