Argentin
Luis A. Pagani, président du conglomérat
alimentaire
argentin Arcor, appartenant à la famille Pagani
Bourgeoisies
réellement existantes et imaginaires
Claudio
Katz*
Les
gouvernements Kirchner et Lula viennent de signer, le 16 mars 2004,
un accord à Copacabana. Les deux gouvernements, entre autres
sous la pression de Luiz Inacio Lula da Silva, se sont mis d'accord
sur un texte qui indique sans ambiguïté que, à
l'occasion de négociations avec les organismes financiers
internationaux, il s'agira d'assurer un excédent budgétaire
primaire - c'est-à-dire un excédent avant paiement
des intérêts de la dette, afin de pouvoir l'honorer
- et de conduire une politique qui assure une gestion stable du
paiement de la dette, ainsi que des conditions favorables aux investissements
privés internationaux. Quelles que soient les nuances existant
entre les délégations argentines et brésiliennes,
la déclaration indique simplement que, sur le fond, les deux
gouvernements, représentant les classes dominantes de leur
pays respectif, acceptent le cadre économique imposé
par les institutions financières internationales (FMI) et
les institutions financières privées, ainsi que les
Etats-Unis. Des tensions existent entre les gouvernements Kirchner,
Lula et l'administration Bush, mais la soumission à l'impérialisme
reste le trait fort de leur politique.
Afin
d'éclairer le débat sur, d'une part, l'existence de
bourgeoisies nationales et, d'autre part, sur leur phase d'affaiblissement
face aux "reconquêtes" impérialistes, nous
publions ci-dessous cet article de Claudio Katz, écrit fin
février 2003.
"Reconstruire
le capitalisme national" est un projet stratégique du
gouvernement argentin de Nestor Kirchner qu'approuvent naturellement
les financiers et les industriels de ce pays. Mais cet objectif
est également soutenu par plusieurs intellectuels "progressistes"
argentins. Ces derniers n'expliquent pas en quoi la recomposition
d'un système qui opprime le peuple bénéficierait
à une majorité populaire1. Le capitalisme - dans sa
version extrême dite néolibérale - est à
l'origine de la tragédie sociale dont souffre l'Argentine.
Les
porte-parole de ce "progressisme" évitent de caractériser
l'économie argentine comme propre à cette phase du
développement du capitalisme international. Ils estiment
qu'un "autre capitalisme" s'avérera utile si on
arrive à "recréer une véritable bourgeoisie
nationale". C'est pourquoi ils opposent à l'actuel modèle
bourgeois d'accumulation celui en vigueur entre les années
1950 et 1970 [c'est-à-dire celui de substitution des importations
créant une base industrielle nationale impulsée par
un marché intérieur en expansion]. Mais les classes
dominantes actuelles ne sont-elles par les héritières
de celles de la période passée ? La césure
est-elle si significative entre les deux époques et leurs
classes dominantes ?
Membres,
composition et nationalité
Si
le terme "bourgeoisie nationale" est utilisé pour
décrire les grands propriétaires nationaux des moyens
de production, cette appellation dépeint la classe capitaliste
aussi bien passée qu'actuelle. Cette classe forme un bloc
composé de différentes fractions qui manient les ressorts
de l'économie argentine. Certaines politiques économiques
favorisent l'hégémonie d'une certaine fraction aux
dépens d'une autre [par exemple, le secteur agro-exportateur
en défaveur d'un secteur d'industrie de transformation dirigé
vers le marché interne - réd.], mais cette suprématie
n'est jamais définitive. Si la convertibilité (le
taux de change entre le peso et le dollar), par exemple, a bénéficié
aux groupes intéressés aux privatisations sous Menem
et à l'endettement public [parce qu'ils détenaient
une part de la dette consolidée en dollars ou dans un équivalent
dollars], la dévaluation du peso, en 2002, a aidé
les secteurs qui exportent [particulièrement dans l'agriculture]
ou des secteurs dont la production a remplacé certaines importations
[en effet, les prix des produits importés ayant explosé
sous l'effet de la dévaluation du peso face au dollar, certaines
entreprises ont relancé des productions domestiques, entre
autres de biens de consommation durables, s'adressant à des
consommateurs disposant d'un pouvoir d'achat réduit].
La
composition du bloc dominant bourgeois a changé au cours
des trois dernières décennies, mais les développements
et les déclins des entreprises ont été enregistrés
au sein du même tissu patronal. Quelques entreprises ont maintenu
leurs positions (Perez Companc, Pescarmona, Loma Negra2), d'autres
ont perdu du poids (FATE3) et certaines ont crû rapidement
(Macri, Arcor, Roggio4).
L'association
avec des groupes étrangers et la fuite de capitaux vers les
pays de centre ont aussi modifié la nationalité de
beaucoup d'entreprises. Mais ces deux processus n'ont pas altéré
le caractère territorial local de la bourgeoisie. L'Argentine
constitue la base des opérations et la principale - ou très
importante - source de profits pour la majorité des entreprises.
Bien qu'elles détiennent hors de l'Argentine plus de 80 milliards
de dollars, elles ont pour tradition de rapatrier ou d'expatrier,
selon un cycle, des fonds, en fonction de leur rentabilité.
Pendant la première moitié des années 1990,
ces groupes ont rapatrié du capital afin de participer au
processus de privatisations. Durant le quinquennat suivant, elles
ont vendu des actifs (la crise avançant) et ont expatrié
leurs capitaux. Actuellement, à nouveau, ils rapatrient des
fonds pour acheter des biens dévalorisés à
cause de la dévaluation du peso et que la relative relance
économique tend à revaloriser.
Ces
fluctuations confirment que l'Argentine se situe au centre de la
gestion de leurs affaires. Bien qu'elles investissent dans d'autres
régions (Amérique latine, Asie centrale) et qu'elles
se sont liées avec des partenaires étrangers (Techint5),
la majorité des entreprises n'est pas engagée dans
des processus de fusion à l'échelle continentale.
Ces firmes ne se limitent non plus pas à être des gestionnaires
ou des intermédiaires d'activités financières,
telles que certaines firmes opérant sur des îles de
la Caraïbe.
Les
groupes argentins ont perdu des positions face aux entreprises étrangères
sur le marché domestique6. Ils partagent avec les capitalistes
étrangers les bénéfices tirés de l'exploitation
des travailleurs et agissent sous la même supervision du FMI
que les entreprises internationales. Mais ce recul économique
et cet entrelacement politique ont seulement affaibli la présence
de la bourgeoisie nationale, qui est très loin d'avoir disparu.
"Oligarchie"
et "conscience de classe"
Plusieurs
analystes argentins7 considèrent que le bloc dominant forme
une "nouvelle oligarchie". Toutefois, ce vieux terme -
qui était utilisé pour décrire les grands propriétaires
fonciers - n'est pas applicable aux groupes économiques actuels.
Ces secteurs ne sont pas des rentiers passifs, et n'échappent
pas à la concurrence entre capitaux pour ce qui est des investissements.
Il
est certain qu'ils manifestent plus d'une fois un comportement "aventurier".
Mais cette conduite n'est pas incompatible avec leur appartenance
à la bourgeoisie nationale, puisque cette classe (hétérogène)
a toujours inclus des mafieux et des membres de l'élite issus
des institutions étatiques. Enfin, la figure du "chef
d'entreprise responsable" connaît un net déclin
partout dans le monde, comme le prouvent les récents épisodes
de Enron (Etats-Unis) ou de Parmalat (Italie). La "diversification"
des affaires ne constitue pas non plus une caractéristique
oligarchique, puisque diversifier des activités en fonction
des profits sectoriels est une façon courante de se couvrir
face aux risques.
Les
chefs d'entreprise argentins ont une prédilection pour la
"valorisation financière". Toutefois, cette inclination
n'est pas idéologique. Elle ne va pas à l'encontre
de leur appartenance à la bourgeoisie. Habituellement, les
phases spéculatives (1985-89 ou 1998-2002) précèdent
ou suivent des phases marquées par l'accroissement des investissements
dans le secteur industriel (1990-95 ou depuis 2003).
Le
caractère de "prébende" [profit tiré
d'une position protégée] ne place pas cette fraction
de la bourgeoisie hors de l'univers de la bourgeoisie nationale.
En effet, la dépendance des subventions publiques n'est pas
une particularité des trois dernières décennies.
L'Etat a parrainé, en permanence depuis l'après-guerre,
les politiques de substitution d'importations; il a mis en place
le protectionnisme du développement, les "promotions
industrielles" et les "plans de compétitivité".
Ces mécanismes ont participé à l'essor et à
la pérennité de la classe capitaliste argentine.
D'autres
analystes8 estiment que les chefs d'entreprise locaux "ne sont
pas bourgeois, ni nationaux", parce qu' "ils ont manqué
de conscience de classe" en vendant leurs usines à des
"parvenus financiers ou à des étrangers".
Mais ont-ils récupéré ces convictions chaque
fois qu'ils ont réinvesti des capitaux pour faire des affaires
dans le pays ? Cet attribut ne peut pas se dissiper et réapparaître
avec une telle fréquence.
Le
critère objectif de la propriété est le plus
adéquat pour définir une classe dominante; et il l'est
plus que les interprétations subjectives ayant trait aux
conduites de fractions des classes dominantes. Toutefois, y compris
en adoptant critère de la "conduite", il saute
aux yeux que les capitalistes argentins ont toujours agi en défendant
leurs propres intérêts. Ils l'ont fait en pariant sur
la dictature militaire, puis sur tous les gouvernements qui ont
suivi (d'Alfonsin à Menem, puis à De La Rua).
Que
le résultat de cette politique leur ait été
défavorable comparé aux gains d'autres bourgeoisies
nationales (Chili, Brésil, Corée du Sud), cela n'est
pas le produit de l'"inconscience de classe", mais de
la concurrence entre capitaux à l'échelle internationale.
Pour que certains capitalistes avancent sur le marché mondial,
d'autres doivent nécessairement reculer et la bourgeoisie
argentine s'est trouvée placée - durant les dernières
décennies - dans le camp des perdants.
Territoires
et projets
La
"disparition de la bourgeoisie nationale" est une conclusion
fréquemment exposée par les théoriciens de
l'empire [en particulier Negri et Hardt dans leur livre intitulé
L'Empire]. Ces derniers supposent une "déterritorialisation
du pouvoir" qui pousserait les classes capitalistes périphériques
à s'intégrer dans une nouvelle domination transnationale
qui se substituerait aux vieilles rivalités entre les grandes
puissances9.
Mais
quel épisode contemporain illustre ce règne d'un empire
supranational ? Par exemple: les troupes nord-américaines
occupent-elles l'Irak au service du "capital universel"
ou des entreprises yankees qui rivalisent avec des entreprises européennes
? L'univers transnational homogène est aussi imaginaire que
la dissolution des classes capitalistes centrales et périphériques
dans un groupe indistinct.
Tandis
que plusieurs sociétés américaines contrôlent
des secteurs clés de l'économie argentine, aucun chef
d'entreprise argentin n'a de l'influence sur le processus productif
états-unien. Il est vrai que la concurrence a changé
et que les alliances sont très différentes par rapport
à celles de l'entre-deux guerres. Néanmoins, ces accords
continuent à s'établir sous la surveillance d'appareils
étatiques très différenciés. Une lutte
entre des associations transversales du type "Perez Companc-Exxon
contre Technit-Texaco" est pure fantaisie.
L'incessante
domination impérialiste recrée des chocs fréquents
entre les multinationales et les bourgeoisies périphériques.
Le conflit autour de l'ALCA (Zone de libre-échange des Amériques)
est un des exemples les plus récents de cet affrontement.
Si les capitalistes du "tiers-monde" avaient disparu,
la divergence en matière de tarifs douaniers qui oppose les
exportateurs américains aux industriels d'Amérique
latine n'existerait pas.
En
partant d'une conception complètement différente,
un autre économiste identifie l'extinction des bourgeoisies
dépendantes par l'absence "de projets nationaux"
comparables à l'industrialisation par substitution des importations
qui eut lieu au cours de l'avant et de l'après-Seconde Guerre
guerre10. L'abandon indiscutable de ce programme indique seulement
que la poussée de l'internationalisation du capital a modifié
les priorités des capitalistes périphériques,
sans provoquer leur décès comme groupe social.
Comme
le capitalisme mondial se développe au travers de polarisations,
d'inégalités et de ruptures régionales, les
tentatives d'autonomie nationale tendent à réapparaître
périodiquement. Au cours des années 1990, ces expériences
ont perdu de leur importance en Amérique latine; néanmoins,
ce ne fut pas le cas dans de nombreuses économies asiatiques.
Et comme les classes dominantes n'ont pas été pleinement
assimilées par la recolonisation, les "projets nationaux"
ressuscitent aussi en Amérique latine.
Toutefois,
l'expérience d'un siècle indique que ces tentatives
apparaissent, échouent, ressurgissent et se décomposent
à nouveau. Cette dynamique reflète la faiblesse structurelle
et le comportement oscillant des bourgeoisies nationales qui sont
poussées à découvrir des baies protectrices
à cause de leur position marginale sur le marché mondial.
L'incompréhension de cette contradiction conduit à
deux erreurs symétriques: surévaluer la force de
cette classe bourgeoise nationale au cours des périodes d'euphorie
et imaginer son extinction dans les périodes de repli.
Dilemmes
et options
Le
corollaire logique de toutes les interprétations de la "fin
de la bourgeoisie nationale" devrait être la non-viabilité
de tout programme de capitalisme national-périphérique.
Toutefois, très peu de défenseurs de cette thèse
aboutissent à cette conclusion. Au contraire, la majorité
d'entre eux proposent de remplacer le modèle néolibéral
par une sorte de modèle de "capitalisme régulé".
Mais si le sujet central de ce mode de production a disparu, une
question se pose: qui commanderait ce système et qui s'approprierait
ses bénéfices ? Tout au plus une bureaucratie pourrait
gérer ce régime, mais un capitalisme national sans
chefs d'entreprises locaux est un contresens.
Pour
cette raison tous les gouvernements qui promeuvent effectivement
ce type de projet renforcent les classes bourgeoises déjà
constituées. Dans le cas argentin, loin de fantasmer avec
la création d'une autre bourgeoisie, Nestor Kirchner fortifie
les capitalistes existants. Les heureux élus de cette politique
sont les bénéficiaires connus de l'étatisation
de la dette et des subventions étatiques. Pour masquer cet
appui à l'ensemble de la bourgeoisie, le président
argentin entame périodiquement un certain débat verbal
avec des groupes discrédités (Macri, les entreprises
privatisées, AFJP).
Ceux
qui "à gauche" ignorent cette réalité
en attendant la mythologique émergence d'une "autre
bourgeoisie" devraient aussi considérer un autre problème: quel sens cela a-t-il de contribuer à la construction d'une
classe exploiteuse ? Il est logique que les banquiers et les industriels
aillent dans ce sens [manifestent un certain appui à Kirchner].
Mais les intellectuels qui partagent les aspirations populaires
ne devraient-ils pas parier sur une alternative portée par
les salarié.e.s?
Les
entreprises récupérées constituent un exemple
concret de ce dilemme, parce que leurs vieux propriétaires
ont été remplacés par les ouvriers eux-mêmes.
Quels devraient être les prochains pas ? Restituer les entreprises
aux familles Zanón ou Brukman [voir sur ce site, rubrique
Dossiers, l'article consacré à l'occupation de l'entreprise
Zanón "La Zanón occupée", janvier
2004] ou les livrer à un autre acteur de la bourgeoisie nationale
? Les travailleurs ont opté pour un chemin beaucoup plus
juste: avancer dans la mise en place de formes de propriété
et d'administration non capitalistes. Cette direction tend à
s'opposer à la traditionnelle délégation de
pouvoir aux classes dominantes.
Souvent
on a fait valoir que cette subordination aux dominants était
nécessaire dans un pays dépendant frappé par
"la contradiction principale entre l'impérialisme et
la nation" et caractérisé par une opposition
entre "la bourgeoisie nationale et le capital étranger
rétrograde". Mais dans ce raisonnement - qui idéalise
le patronat argentin et dissout les antagonismes sociaux en Argentine
même - les espoirs se sont placés sur des figures politiques
telles que Alfonsín [1983-1989], Menem [1989-1999] et Fernando
de La Rúa [1999-2001], tous présidents de l'Argentine.
Or, ces derniers ont bloqué le développement d'une
option réelle de la gauche.
L'appui
au projet capitaliste de Kirchner, qui est souvent justifié
en pariant sur l'évolution du schéma économique
actuel vers un modèle plus généreux, conduit
actuellement à cette même frustration. Personne ne
peut présager quelle sera la direction finale du gouvernement,
mais l'expérience enseigne qu'un appui politique à
ce genre de direction paralyse le mouvement populaire, l'empêche
de développer sa propre option de pouvoir et pousse la gauche
vers l'autodestruction.
La
conjoncture est propice pour imposer des conquêtes sociales
et politiques et pour avancer en empruntant une voie d'indépendance
de classe. Avec Kirchner, les classes dominantes ont recomposé
la stabilité politique et une certaine croissance économique,
mais n'ont pas récupéré le contrôle social,
ni n'ont réussi à désamorcer la protestation
populaire. La résurgence de la mobilisation a placé
le gouvernement dans une position défensive de temporisation.
Ni les menaces répressives, ni la délégitimation
officielle de l'occupation de la rue [par les chômeurs travailleurs
organisés - "piqueteros"] n'ont freiné la
lutte sociale.
Se
profile, en relation avec le mouvement "piquetero", un
mouvement de masse combatif, qui pourrait rassembler dans une même
action les chômeurs et les salariés actifs. La manifestation
extraordinaire du 20 décembre 2003 [anniversaire du renversement
du gouvernement de La Rua] indique que - pour la première
fois depuis des décennies - se développe un processus
populaire qui échappe au contrôle du justicialisme
(du péronisme); et son ancrage est visiblement à gauche.
Les
expressions - tant partisanes qu'"inorganisées"
- de cette frange politique ont progressé en nombre (de manifestants),
en acquis sociaux (entreprises récupérées)
et en conquêtes organisatrices (élections universitaires).
Bien que ces progrès ne résolvent pas la question
électorale en suspens, cette difficulté pourrait commencer
à être surmontée au cours de la prochaine période.
Mais la véritable avance de la gauche requiert une définition
stratégique d'opposition au "capitalisme national",
parce que notre projet est l'égalité, la liberté
et l'émancipation, c'est-à-dire le socialisme.
(23 février 2004)
Notes
1.
Ce projet de "reconstruction du capitalisme national"
a été mis en avant par les dirigeants de l'Union industrielle
et de l'Association des banques; ainsi que par différentes
personnalités, dont Miguel Bonasso, qui fit partie de l'aile
gauche du péronisme - les Montoneros -, expérience
qu'il a décrite dans son livre: Le journal d'un clandestin.
Bonasso a fait face à la répression brutale des militaires
argentins. Aujourd'hui, il écrit dans le quotidien Pagina
12, dont l'orientation consiste, souvent, à soutenir
les initiatives de Kirchner. La même orientation, en substance,
se retrouve chez José Nun qui se revendiquait par le passé
du marxisme. José Nun a participé à l'élaboration
du plan Phénix, qui proposait une solution de "reconstruction
nationale" à la crise du capitalisme périphérique
argentin. Il a une formation de droit et de science politique. Il
a publié divers ouvrages, dont les plus connus sont Démocratie:
gouvernement du peuple ou gouvernement des politiciens et Marginalité
et exclusion sociale. Il est actuellement un des animateurs
de la fondation OSDE. - Réd.
2.
Perez Companc est un holding au sein duquel sont intégrées
diverses activités dans des domaines comme le pétrole,
le gaz, la production d'énergie. Ce holding a des prolongements
dans divers pays latino-américains, dont l'Equateur.
La
famille Pescarmona contrôle le holding IMPSA (Industrias Metalurgicas
Pescarmona SA) qui est actif dans les télécommunications,
les assurances, les pièces détachées automobiles,
les machines industrielles, etc.
Loma
Negra, groupe particulièrement actif dans le ciment et qui
s'est internationalisé depuis 2002. - Réd.
3.
FATE est un groupe commercial diffusant entre autres des pneumatiques.
- Réd.
4.
La famille Macri est l'une des principales familles capitalistes
d'Argentine. Certains de ses représentants sont directement
plus actifs dans la vie politique depuis la crise de 2001 (Mauricio
Macri, propriétaire du club de football mondialement connu:
Boca Juniors).
Arcor,
groupe alimentaire (chocolat, biscuit, etc.) créé
en 1951 par la famille Pagani, qui va se développer fortement
dans les années 1950, 60 et 70 et connaître un processus
d'internationalisation dans le continent latino-américain
(Brésil, Chili, etc.). Le processus de gestion informatique
des usines du groupe est fait en alliance avec IBM.
Roggio,
grand groupe de construction et d'ingénierie spécialisé
dans la construction de ports, de grands hôtels, d'aéroports,
etc. Collabore avec des grands groupes des pays impérialistes
pour réaliser des projets à l'échelle internationale.
- Réd.
5.
Techint, groupe italien, contrôlé par la famille Rocca,
a démarré dans la sidérurgie, puis a pris dès
les années 1960 une dimension internationale. Le groupe est
présent aussi bien en Italie qu'en Argentine et s'est développé
au Venezuela, en Bolivie, au Brésil, en Equateur, au Pérou.
Ses activités se sont diversifiées vers le service
de l'ingineering et y compris vers l'hospitalier (à Turin,
Milan, Bergame). - Réd.
6.
La participation nationale dans la production des 500 plus grandes
entreprises a diminué à 20,6% (Clarin, 02.10.03,
La Nacion, 9.11.03).
7.
Verbistky Horacio, "Estampillas", Pagina 12, 23.11.03.
8.
Wainfeld Mario, Pagina 12, 7.12.03.
9.
Telle est l'opinion connue de Tony Negri. "L'Argentine ne sait
pas que faire avec sa bourgeoisie", Clarin, 26.10.03.
10.
Cette vision est celle de Samir Amin. "Le dur monde capitaliste
après le capitalisme", Pagina 12, 10.08.03. "J'ai
été et continue d'être communiste", Rebelion,
27.08.03.
*
Claudio Katz est économiste, enseignant à l'Université
de Buenos Aires et chercheur auprès du Conicet. Il est un
des animateurs du groupe dit des "Economistes de gauche"
(EDI).
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