Palestine

DEISHE - MISSION SUISSE POUR LA PAIX EN PALESTINE  (4 avril 2002)

Je vous écris au nom des représentants de la société civile, en mission pour la paix, depuis Deishe, à 5 km de Jérusalem. Nous sommes 58, dont une dizaine de Suisses.

Les nationalités italienne, française, hollandaise, américaine et allemande sont également représentées. Depuis 3  jours nous ne pouvons pas sortir du centre culturel Ibda du camp de Deishe.

Dehors les tanks ne  cessent de passer et de tirer très près d'ici et nous entendons des rafales de tirs de kalachnikov régulièrement.Il parait que des snipers sont postes en divers endroits du camp.

Lorsque nous restons de façon trop persistante aux fenêtres avec des caméras les tirs commencent.

Toutefois ce n'est pas pour nous que nous sommes inquiets. En respectant le fait de ne pas sortir  et de ne pas rester aux fenêtres nous ne risquons rien, nous avons de quoi manger et de l'eau.

BETHLÉEM

Par contre nous sommes très inquiets de ce qui se passe à Jérusalem dans l'Eglise de la Nativité. Comme vous le savez environ 250 personnes y sont enfermées, dont une cinquantaine de  Franciscains. Le reste est composé d'étrangers, notamment de gens de la presse et de   Palestiniens. Ils ont commencé à manquer de nourriture et d'eau. Ils ont des blessés depuis un moment qu'ils ne peuvent pas soigner. Les ambulances ne peuvent aller les secourir, les   militaires ne les laissent pas passer. Hier, finalement, ils avaient accepté de laisser passer  des ambulances, mais seulement pour chercher les cadavres (des situations vraiment inhumaines  nous sont rapportées: une famille a Bethléem, faute de pouvoir enterrer ses 2 morts ni les évacuer de la maison a dû continuer à vivre autour d'eux.) Lorsque la deuxième ambulance est passée elle a été arrêtée, et le médecin a son bord, ainsi que l'infirmière et le conducteur ont été arrêtés, les mains liées.

Selon certaines sources une partie des internationaux (Italiens et Anglais?) a pu être évacué de Bethléem. Par contre l'information donnée par certains médias selon laquelle les gens seraient sortis un à un de l'Eglise est fausse, nous la démentons.  Aujourd'hui la situation est encore pire. Ce matin une Palestinienne d'un autre camp est venue  nous demander de faire l'impossible pour tenter d'acheminer des médicaments vers l'Eglise. Elle  venait de recevoir un téléphone d'un Docteur qui se trouve à l’intérieur et qui était désespéré de ne pouvoir soigner les blessés. Si elle y allait seule elle pensait qu'elle se ferait aussitôt  tirer dessus et arrêter.Nous avons alors envisagé d'escorter, en bus ou a pieds avec des   banderoles blanches, une ambulance pleine de médicaments, en ayant au préalable prévenu nos  consulats pour qu'ils avisent l'armée que nous faisions ce convoi et ainsi lui donner davantage  de sécurité.

Mais notre débat a été interrompu par des bruits de tirs et d'explosion, nous ramenant a la réalité, celle selon laquelle l'Etat d'Israel est en guerre (déclaration de Sharon). De par un   téléphone depuis l'Eglise de la Nativité nous avons alors appris qu'un tir d'obus avait arraché  la porte arrière de l'Eglise. Depuis la situation ne fait que s'aggraver, on nous dit que   l'armée a complètement investi la place. Il y aura donc d'autres blessés et le problème des   ambulances qui ne peuvent passer n'est toujours pas résolu. Nous savons que malgré tout, depuis,  3 ambulances, du CICR je crois - ou du croissant rouge - sont parties pleines de médicaments en  direction de Bethléem. Pas davantage de nouvelles pour l'instant.

SOUS QUELLE FORME NOUS AIDONS LES PALESTINIENS

Les Palestiniens avec lesquels  nous sommes en contact ne cessent de nous dire que nous sommes un  soutien considérable, parce que par notre présence nous limitons la violence que les Israéliens  leur infligeraient (quelqu'un dans le groupe de Bové avait utilisé l'expression de "bouclier  humain") et surtout parce que pour eux c'est un gage que la communauté internationale saura ce  qui se passe. Le pire pour eux est de mourir ou de subir l'oppression en se sentant isole du   reste du monde, sans que personnes ne le sache. Ils savent qu'en assistant a un peu de leur   quotidien nous le raconterons en Europe. Par ailleurs notre présence ici, au cœur du conflit,   attire les médias et donc le regard du monde.

Les actions de la mission civile suisse pour la paix en Palestine, depuis le 28 mars 02  

- Passage des checks points en direction de Ramallah, avec des français et des Italiens.

- Manifestation au centre de Ramallah.

- Manifestation pacifique, avec des Français et des Italiens a la Maison d'Orient à Jérusalem.

Nous avons été chargés par des policiers à cheval armes de matraques.

- Manifestation devant la maison de Sharon avec les Femmes en noir (pacifistes israéliennes)

- Manifestation pacifique devant la maison de Sharon avec des objecteurs de conscience israéliens  (qui refusent de faire leur service militaire) et des associations israelo-palestinienne (groupe  Tayush) qui mènent des actions humanitaires.

 - Manifestation pacifique a Tel Aviv, avec des pacifistes israéliens, devant le bâtiment des   Affaires de l'intérieur.

- Participation a la journée de la terre. Des oliviers ont été plantes à cette occasion

- Don du sang a l'hôpital de Jérusalem.

- A partir du 31mars le groupe suisse s'est divisé en trois groupes, l'un allant a Gaza, l'autre a Jérusalem, le nôtre dans le camp de Deishe.

Actions entreprises par le groupe suisse qui se trouve a Deishe depuis quelques jours

- Participation au cortège funéraire d'un jeune du camp qui a été brûlé vif dans sa voiture par  un obus. 

- Rencontres avec  des familles du camp qui ont des leurs qui ont été tues.

- Manifestation pacifique, avec des Italiens, des Belges, des Francais et d'autres, à Beit Jallah  (le 1er avril). Nous nous sommes trouvés nez à nez avec un tank qui nous a tiré dessus aussitôt,  faisant ainsi 7 blessés parmi les manifestants internationaux.

- Envois de nouvelles depuis ici par le biais du net, de communiqués de presse aux médias et a la communauté internationale.

- Envoi notamment d'un communiqué de presse hier, en langues italienne, française et anglaise, dans lequel nous faisons appel a nos gouvernements respectifs pour qu'ils condamnent et arrêtent l'occupation illégitime de la Palestine et pour qu'ils fassent l'impossible pour ouvrir un  couloir humanitaire permettant la circulation des ambulances, des vivres, de la presse et des  humanitaires. Comme nos gouvernements ne seront certainement pas en mesure d'exiger cela de l'Etat d'Israel (si ce n'est par des pressions commerciales telles que celle qu'a annoncées Joseph Deiss), nous avons l'intention d'envoyer cette requête directement au gouvernement israélien.

QUI SOMMES NOUS?

Des civils de toutes professions et de tous âges (nous avons, par exemple, deux collégiens de 18 ans dans notre groupe) qui ont formé peu à peu une mission  pour pouvoir partir en Israël et dans les territoires occupés, repondant ainsi à l'appel international lancé en mai par les leaders politiques palestiniens pour constituer des missions civiles.

J'espère que le réseau permettra à ce message de vous parvenir rapidement et qu'il sera assez clair. Nous restons à votre disposition pour vous donner d'autres infos, par la voie du net ou par téléphone (078 711 65 36, depuis lequel je puis vous appeler mais plus difficilement vous recevoir et l'autre No qui est celui d'Andree Jelk Peila.)

Pour la MISSION SUISSE POUR LA PAIX EN PALESTINE

- groupe actuellement a Deishe (Cecilia Hamel)

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