Palestine


Les ´Èlections palestiniennesª... qui níont jamais eu lieu

Charmaine Seitz*

Le 20 janvier 2003 devait Ítre la date des Èlections palestiniennes. Elle nía jamais existÈ que sur le papier ý en-tÍte de líAutoritÈ palestinienne. La date a passÈ avec le candidat prÈsidentiel (Yasser Arafat) sortant virtuellement emprisonnÈ dans ses bureaux de Ramallah en Cisjordanie.

Il y a quelques semaines, Yasser Arafat avait candidement dÈclarÈ aux journalistes quíil dÈsirait chaque jour passÈ quelques minutes au soleil. Comme líarmÈe israÈlienne encercle ses locaux, il ne se risque dehors que losrqu' il est protÈgÈ par tout un cercle de journalistes.

Le plus connu des candidats qui se prÈsentent (ou se prÈsentait) contre Arafat, le professeur Abd el-Sattar Quassim, qui a la rÈputation de parler ouvertement, a, lui aussi, passÈ enfermÈ dans sa maison de Naplouse le jour prÈvu pour les Èlections. La ville Ètait soumise une fois de plus ý un de ces couvre-feux de plusieurs jours, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, proclamÈ ìpar ordre du gouverneur militaireî. Tout cela ramËne aux jours díavant le processus de paix díOslo.

Dans toute la Cisjordanie et dans la bande de Gaza, les candidats potentiels au Conseil lÈgislatif palestinien Ètaient sous le coup de divers statuts díarrÍts domiciliaires, ou díinterdiction de quitter leur ville ou leur rÈgion, imposÈs par la prÈsence Ècrasante de líarmÈe israÈlienne dans les Territoires palestiniens occupÈs.

Les diplomates internationaux qui avaient conÁu le plan de ces Èlections palestiniennes avaient pu avoir líintention premiËre de renflouer le pouvoir, en train de se dÈsintÈgrer, de líAutoritÈ palestinienne et de sa direction. Au lieu de cela, líincapacitÈ de tenir les Èlections prÈvues nía fait que souligner, encore plus, líimpuissance palestinienne et la fragmentation complËte du sens díune diplomatie internationale dans le conflit israÈlo-palestinien.

Ali Jarbawi, qui est le commissaire de líAutoritÈ palestinienne chargÈ des Èlections, dÈclare quíil y a ´des prÈparatifs pour tenir des Èlections dËs que possibleª. Les membres de sa commission continuent de rencontrer rÈguliËrement des diplomates pour demander de líaide technique, mais surtout pour leur demander de faire pression sur IsraÎl afin que les Èlections reÁoivent líautorisation de se tenir. Les restrictions que líarmÈe impose aux dÈplacements des Palestiniens sont si pesantes que la commission elle-mÍme ne síest encore rÈunie quíune seule fois, et a dš tenir le reste de ses sÈances par vidÈo-confÈrence.

Des bonnes intentions

LíidÈe díÈlections dans les Territoires occupÈs níest certes pas venue seulement de líÈtranger. Toutefois, elle nía vraiment pris son envol que par le soutien que lui a apportÈ líUnion europÈenne. Cherchant de nouvelles maniËres de relancer les pourparlers entre les Palestiniens et les IsraÈliens au moment o˜ IsraÎl rejetait complËtement l'AutoritÈ palestinienne, les responsables europÈens se sont rÈunis avec les IsraÈliens et avec les Palestiniens en fÈvrier 2002 pour proposer deux choses: 1ƒ des Èlections palestiniennes municipales et lÈgislatives, et mÍme prÈsidentielles si les Palestiniens le souhaitaient; 2ƒ et une dÈclaration díun Etat palestinien susceptible díÍtre appuyÈe par le reste du monde.

Un responsable palestinien qui a participÈ aux entretiens a dÈclarÈ que les EuropÈens en avaient assez des diverses propositions amÈricaines pour ìcalmerî le conflit. ìLes plans Tenet et Mitchell, ils ne voulaient plus en entendre parler.î

En lieu et place, líUnion europÈenne voulait convaincre le public israÈlien de líengagement palestinien ý la paix. Le principal souci du ministre allemand des affaires ÈtrangËres, Joschka Fischer, Ètait que le ìcamp de la paixî, comme il líappelait, pourrait ne pas remporter la majoritÈ lors díÈlections palestiniennes libres et honnÍtes. RassurÈe par les responsables palestiniens qui assuraient que le courant laÔque modÈrÈ restait dominant, líUnion europÈenne avait poursuivi son effort.

Si líÈquipe de direction palestinienne Ètait satisfaite de la perspective díune intervention europÈenne, elle avait ses propres rÈticences ý líÈgard des dÈtails du plan. Un responsable prÈsumait quíil Ètait peu probable quíArafat dÈclare un Etat palestinien dans les limites des zones tronquÈes quíil contrÙlait parce quíalors ìles Palestiniens perdraient leur moyen de pressionî sur IsraÎl.

Qui garantirait que cet Etat síÈtendrait jamais aux frontiËres de 1967 bien plus viables, en accord avec le Droit international? Líanalyste palestinien Khalil Shikaki doutait Ègalement que la dÈclaration díun  Etat palestinien conserve encore une signification aux yeux du public palestinien. ´La plupart des Palestiniens ne voient plus líEtat lui-mÍme sous un jour positif, tout particuliËrement ý cause de la fragmentation gÈographique et de ce quíendurent tous les jours les Palestiniens aux points de contrÙle.ª LíAutoritÈ palestinienne a nÈanmoins acceptÈ le plan de líUnion europÈenne, ne serait-ce que pour quíil y ait un contrepoids aux interventions de plus en plus pro-IsraÎl de la Maison blanche de George W.Bush.

Comme on pouvait síy attendre, líadministration de Washington fut díabord interloquÈe. Le porte-parole du DÈpartement díEtat, Richard Boucher, insista que les efforts de mÈdiation devaient  ´rester concentrÈs en ce moment sur la nÈcessitÈ pour le prÈsident Arafat de prendre des mesures contre la violenceª et que ´distraire líattention de cet objectif ne fait pas vraiment avancer les choses.ª

IsraÎl aussi a dÈsapprouvÈ le plan par la voix de Shimon Peres, alors le ministre des affaires ÈtrangËres. ´Ce qui me prÈoccupe, cíest quíil níy a pas une fracture entre les Etats-Unis et líEuropeª, dÈclarait Shimon Peres. ´LíEurope va soutenir Arafat, cíest pourquoi jíai toujours suggÈrÈ que notre ligne Ètait contre le terrorisme et non contre une personne, un peuple ou une religion.ª

Mais les EuropÈens (au sens de l'UE) Ètaient dÈcidÈs ý continuer. Cíest alors que les ouvertures de la Ligue arabe pour une paix gÈnÈrale avec IsraÎl, les incursions massives de líarmÈe israÈlienne dans les camps de rÈfugiÈs palestiniens, puis dans toute la Cisjordanie, et les missions diplomatiques des envoyÈs des Etats-Unis, le gÈnÈral Anthony Zini et le SecrÈtaire díEtat Colin Powell, ont rejetÈ dans líombre ce qui avait ÈtÈ appelÈ entretemps le ´non-papier franÁaisª.

LíautoritÈ exÈcutive

Quand Yasser Arafat a finalement ÈtÈ libÈrÈ de sa longue pÈriode de confinement aprËs les invasions israÈliennes du printemps 2002, il a dš faire face ý une foule de revendications. Non seulement IsraÎl exigeait ìune rÈformeî de líAutoritÈ palestinienne avant toute reprise des nÈgociations, mais les membres du cabinet díArafat Ètaient furieux du mauvais usage quíil avait fait de son pouvoir durant les jours les plus sombres de líopÈration israÈlienne Bouclier dÈfensif.

Lors de la premiËre rÈunion du cabinet, le ministre Nabil Amer a attaquÈ violemment la dÈcision du prÈsident de transmettre des messages diplomatiques et des communications aux mÈdias par líintermÈdiaire de Palestiniens non-Èlus. Amer dÈmissionna malgrÈ les promesses díArafat de rÈaliser des changements internes dans le futur. On demanda plus tard ý líex-ministre síil appelait ý des Èlections prÈsidentielles. Amer rÈpondit avec tact, ´síil y a des Èlections, (Arafat) doit aussi Ítre inclu. La diffÈrence (entre lui et moi) porte sur le calendrier et sur la prudence historique avec laquelle Arafat envisage le changement.ª

A líintÈrieur du Fatah, le mouvement au sein de líOLP auquel Arafat appartient, le vent soufflait en direction de rÈformes, cela aussi bien au sein de la direction de líIntifada que dans líAutoritÈ palestinienne en gÈnÈral. De nombreux membres du Fatah appelaient ý des Èlections pour remplacer la vieille garde.

En mÍme temps, voir les agents armÈs de líautoritÈ palestinienne se faire pourchasser par les soldats israÈliens avait mis en Èvidence les faiblesses du gouvernement provisoire et laissait les Palestiniens avec un sentiment de vulnÈrabilitÈ et díinsÈcuritÈ.

Arafat se lanÁa alors dans une soudaine frÈnÈsie díactes exÈcutifs. Le 14 mai 2002, il signait une loi garantissant líindÈpendance du pouvoir judiciaire. Le 15 mai, dans un discours prononcÈ devant le Conseil lÈgislatif palestinien, il assumait la responsabilitÈ de ´toutes les erreurs commisesª. Il promit Ègalement de rÈduire le nombre de ministËres palestiniens de 30 ý la limite lÈgale de 19. Et, il síengagea pour la premiËre fois ý tenir des Èlections en 2003.

Líadministration Bush commenÁait ý rÈpÈter les appels díIsraÎl ý une ìrÈformeî de líAutoritÈ palestinienne et George W.Bush lui-mÍme de dÈclarer plusieurs fois que Arafat ´avait dÈÁu le peuple palestinien.ª Lors díune confÈrence de presse, Bush remarquait que les Palestiniens ´níavaient mÍme pas une constitutionª, ce qui lui valut la rÈplique díun journaliste que IsraÎl et le Royaume Uni níen avaient point non plus, de constitution.

Arafat constitua finalement son nouveau cabinet, en centralisant le contrÙle de la sÈcuritÈ comme les Etats-Unis líavaient rÈclamÈ et mettant un technocrate aux finances publiques. Mais les IsraÈliens ne le l’chaient pas. Neuf heures plus tard, le 10 juin 2002, les chars israÈliens encerclaient ý nouveau le QG díArafat ý Ramallah. Debout ý cÙtÈ díAriel Sharon ý Washington, Bush dÈclarait sardoniquement que de toute faÁon ´personne nía confiance dans le nouveau gouvernement palestinien.ª

Le nouveau ministre palestinien du tourisme, Nabil Kassis rÈpondait ´avec cette sorte díattitude, quand on a jugÈ par avance, cíest quíil y a un prÈjugÈ.ª Mais díune certaine faÁon, les mots de Bush sonnaient juste. Quelques jours seulement aprËs que líAutoritÈ palestinienne eut apposÈ le sceau prÈsidentiel sur la loi de líindÈpendance de líautoritÈ judiciaire, le gouvernement díArafat refusait de libÈrer le leader du Front populaire de libÈration de la Palestine, Amed Saadat, de sa prison de JÈricho, en dÈpit des ordres de la Haute cour palestinienne. Saadat, rÈclamÈ par IsraÎl pour avoir soi disant ordonnÈ líassassinat du ministre israÈlien du tourisme, Rehavam Zeevi, Ètait dÈtenu depuis plusieurs mois sans accusation formelle portÈe contre lui.

Arafat avait aussi signÈ finalement la Loi fondamentale palestinienne, votÈe depuis longtemps par le Conseil lÈgislatif mais qui moisissait sur son bureau depuis des annÈes. Les esprits critiques remarquaient que la loi avait expirÈ en 1999, en mÍme temps que la pÈriode intÈrimaire prÈvue par les accords díOslo. Il semblait quíArafat essayait de maintenir la chimËre de sa propre fonction par un tour de passe-passe. ´Personnellement, je níai aucune illusionª, commentait sarcastiquement Raji Sourani, avocat de Gaza

La dÈmocratie contre la rÈforme

Comment la perspective europÈenne et palestinienne díÈlections palestiniennes a-t-elle ÈtÈ transformÈe en la nouvelle politique des Etats-Unis cherchant ý renverser la direction palestinienne?

Ce que líon sait, aujourd'hui, sur les changements dramatiques apportÈs au tristement cÈlËbre discours de George W.Bush du 24 juin 2002, indique des modifications de derniËre minute, majeures, effectuÈes sans líavis du DÈpartement díEtat. Les rÈsultats par contre furent sans Èquivoque: ´Jíappelle le peuple palestinien ý Èlire de nouveaux chefs, des chefs qui ne soient pas compromis dans le terrorisme,ª dÈclarait Bush. ´Je les appelle ý construire une dÈmocratie effective basÈe sur la tolÈrance et la libertÈ. Si le peuple palestinien poursuit activement ces objectifs, líAmÈrique et le monde soutiendront activement leurs efforts.ª

Plus loin dans son discours, Bush, díune maniËre dÈsinvolte, demandait ý IsraÎl de retirer ses troupes sur des lignes díavant líIntifada et de cesser de construire des colonies. Vingt-quatre heures plus tard, les chars israÈliens avaient une fois de plus envahi Ramallah, ramenant toutes les grandes villes de Cisjordanie sous contrÙle militaire israÈlien au moins partiel.

Le candidat prÈsidentiel Quassim demandait immÈdiatement ý Bush de cesser díattaquer Arafat. ´Jíai envoyÈ une lettre ý la Maison Blanche pour me plaindre que le prÈsident Bush faisait campagne en faveur díArafat et prÈjugeait du rÈsultat des Èlections. Ce níest pas honnÍte,ª se souvient-il.

Certains ont spÈculÈ quíArafat níÈtait quant ý lui pas enthousiaste pour les Èlections. Mais un responsable palestinien dÈclare aujourdíhui quíArafat a toujours dÈsirÈ des Èlections. ´Il níy aucune raison pour laquelle il aurait ÈtÈ politiquement hÈsitant. Cíest utile pour lui; cíest sans risque pour lui,ª dit ce responsable en haussant les Èpaules.

AprËs le discours de Bush, nÈanmoins, la direction palestinienne síest prÈparÈe de faÁon dÈmonstrative.

Le 26 juin, le porte-parole et nÈgociateur Saeb Erakat a tenu une confÈrence de presse rÈunissant de nombreux journalistes pour annoncer le ´Plan de 100 joursª, 2500 mots en anglais consacrÈs ý la restructuration des ministËres et des agences de sÈcuritÈ afin de prÈparer les Èlections. Sans que ce soit une coÔncidence, líexposÈ de Saeb Erakat reflÈtait pour líessentiel les premiers points de líaccord auquel Ètait parvenu le ìQuartetî, un groupe de travail sur le Proche-Orient auquel participent des hauts responsables des Etats-Unis, de líUnion europÈenne, de la Russie et des Nations Unies.

Le Quartet síÈtait constituÈ ý partir des tentatives de líUnion europÈenne de libÈrer le processus de paix de líÈtreinte de Washington. Ses efforts síÈtaient dÈveloppÈs sur deux axes. Le premier: pour commencer, il travaillait ý une dÈclaration publique de ses options ý líintention des Palestiniens et des IsraÈliens. Le deuxiËme: il se tenait ý líÈcart des accords de sÈcuritÈ, alors encore secrets, que les officiers de renseignement de líUnion europÈenne síefforÁaient díimposer sur le terrain.

Mais le ´plan de marcheª du Quartet  rencontra les moqueries, en privÈ, aussi bien des responsables palestiniens que de leurs homologues israÈliens. Les responsables israÈliens tournËrent en ridicule líappel du document ý rÈaliser 13 importantes t’ches avant DÈcembre 2002, dÈlai dans lequel les responsables palestiniens et israÈliens devaient rendre leurs commentaires sur le premier projet.

Les responsables palestiniens p’lirent en lisant le deuxiËme pas de ce ´plan de marcheª: la ´nomination díun premier ministre palestinien.ª Prudemment, le projet du Quartet ne faisait aucune mention díÈlections palestiniennes en janvier 2003.

Si certains aspects des efforts diplomatiques europÈens subsistaient dans le plan, ils Ètaient subordonnÈs aux exigences de sÈcuritÈ israÈliennes et ý la crainte de la dÈsapprobation de Washington.

Líomission des Èlections de janvier 2003 trahissait le nouveau virage de líadministration Bush. DËs quíil devint clair pour la Maison Blanche que des Èlections gÈnÈrales ne renverseraient pas Arafat, les Etats-Unis commencËrent ý tergiverser et ý revenir sur leur promesse de soutenir le processus dÈmocratique. Les reprÈsentants du DÈpartement díEtat, Elisabeth Cheney et David Satterfield, exprimËrent la nouvelle attitude de Washington ý certains responsables palestiniens lors díune rÈunion qui se tint ý Paris en aošt 2002. ´Nous avons entendu ý leur ton quíils níÈtaient pas vraiment enthousiastes, ou quíen tout cas la date ne leur paraissait pas bonneª raconte un des participants ý la rÈunion. De ce point de vue, les responsables palestiniens furent quasiment certains quíaucunes Èlections ne se prÈparaient.

Cessez-le-feu ou ne pas cesser le feu

Líautre projet du Quartet, consistant ý surveiller les progrËs des propositions europÈennes en matiËre de sÈcuritÈ, fut rendu abruptement public le 24 juillet au matin quand IsraÎl tira un missile díune tonne sur un quartier surpeuplÈ de Gaza pour tuer le Cheik Salah Shehadeh, chef de líaile militaire du Hamas dans la bande de Gaza. En mÍme temps que Shehadeh, cíest quatorze autres qui furent tuÈs, dont trois femmes et neuf enfants.

Les responsables palestiniens Ètaient furieux que ce bombardement ait sabordÈ un accord entre le Hamas et líAutoritÈ palestinienne pour arrÍter les attaques en IsraÎl mÍme durant une pÈriode de temps limitÈe.

Ces pourparlers de cesser le feu avaient dÈbutÈ comme une tentative europÈenne, quand des officiers de renseignements britanniques avaient cru apercevoir líoccasion de síappuyer sur la vague de mÈcontentement qui avait suivi les incursions du printemps. Les chefs des organisations locales du Fatah furent priÈs de signer chacun un accord par lequel ils síengageaient ý arrÍter les attaques en IsraÎl mÍme. Sachant quíun assassinat pouvait faire capoter tout le projet, chacun dut síengager ý ne pas rÈpliquer mÍme si IsraÎl tuait un cadre. Le projet suscita des dÈbats hargneux, mais de nombreux cadres du Fatah lui apportËrent leur soutien, considÈrant que les attaques contre les civils israÈliens sacrifiaient la solution des deux Etats ý un objectif plus radical.

Mais tandis que líUnion europÈenne engageait son prestige pour donner du sÈrieux ý ces pourparlers (des informations non-confirmÈes ajoutent mÍme que les EuropÈens y mirent aussi de líargent), finalement seuls les Etats-Unis pouvaient finaliser líaccord.

Comme líexpliquait Mohammed Dahlan, líancien chef de la sÈcuritÈ de Gaza, ´(les EuropÈens) ne peuvent pas obtenir des IsraÈliens quíils mettent un terme ý cette politique. Ils aimeraient bien, mais ils ne peuvent pas.ª Les IsraÈliens furent rÈguliËrement mis au courant des pourparlers, mais Dahlan Ètait convaincu que ´les seuls qui puissent contrÙler les IsraÈliens sont les AmÈricains et les AmÈricians ne se sont pas encore impliquÈs sÈrieusement et profondÈment dans le processus de paix et mÍme dans la question de la sÈcuritÈ.ª

En secret, nÈanmoins, les Etats-Unis se sont impliquÈs dans les tentatives de nÈgocier un cessez-le-feu. Le reporter de Palestine Report, Mark Perry, a rapportÈ des ìmessages indirectsî ÈchangÈs dÈbut septembre entre un envoyÈ de haut rang venu de Washington et quelques cadres choisis du Hamas. ´LíenvoyÈ des Etats-Unis a dÈclarÈ ý des intermÈdiaires que les Etats-Unis se rÈjouissaient de la dÈcision du Hamas de devenir une partie lÈgitime du processus politique et, en Èchange, il síengageait ý ce que les Etats-Unis feraient connaÓtre leur position au gouvernement Sharonª, Ècrivait Mark Perry. ´Qui plus est, dit-il, il irait mÍme plus loin. Il conseillerait au gouvernement Sharon de ìlaisser se rÈaliser le processusª. Ces contacts, bien que t’tonnants, violaient une rËgle en vigueur de líadministration de Washington, interdisant tous pourparlers avec Hamas classÈe organisation terroriste.   

Mais si les Etats-Unis sont disposÈs ý Ètablir des contacts avec Hamas, ils continuent de refuser de faire pression sur IsraÎl pour faciliter les pourparlers de cessez-le-feu. Le ministre palestinien Nabil Shaath dÈclarait en dÈcembre 2002 dans une interview quíil y a eu ´des encouragements des Egyptiens, des EuropÈens, des Saoudiens et mÍme des AmÈricains, pour accroÓtre les chances que cela rÈussisse. Mais il níy a pas eu  de vÈritables engagements, mais seulement des promesses que si Hamas prend des engagements, alors toutes ces parties feront de leur mieux pour obtenir des IsraÈliens quíils en fassent autant. La question aujourdíhui, cíest la crÈdibilitÈ de cette promesse de rÈciproque. Les choses ne se prÈsentent vraiment  pas bien. ª

Le 24 janvier 2003, les pourparlers de cessez-le-feu devraient Ítre conclus lors díun sommet se faisant au Caire par les Egyptiens et rÈunissant des chefs de mouvements venus aussi bien des Territoires occupÈs que de líextÈrieur. Un document rÈdigÈ par le chef des services secrets Ègyptiens est proposÈ ý tous les participants. Il formule un engagement de mettre fin ý toutes les attaques durant une annÈe ainsi quíune reconnaissance que líAutoritÈ palestinienne est la seule instance compÈtente pour administrer et pour empÍcher des attaques militaires contre des cibles israÈliennes dans les zones quíelle contrÙle.

Les chances que les divers mouvements se mettent díaccord sur ces deux questions Èpineuses semblent quasiment nulles. Les Egyptiens ont dÈclarÈ que líaccord sera signÈ par tout le monde ou par personne et que la faute retombera sur ceux qui refusent de le signer. MalgrÈ tout, beaucoup sont contents que ces pourparlers aient lieu. ´ Cíest important ý cause des graves dangers qui seront crÈÈs si la guerre contre líIrak a lieu, ª dÈclarait Hannah Amirah, membre du comitÈ exÈcutif de líOLP et participante aux pourparlers. ´ Les Palestiniens devront gÈrer leurs affaires sagement et ne pas donner ý Sharon des excuses pour lancer des reprÈsailles catastrophiques contre le peuple palestinien. ª

Le revers de la mÈdaille, cíest bien sšr la dÈmonstration publique de líincapacitÈ de líAutoritÈ palestinienne. Quand un gouvernement demande-t-il aux partis politiques díaffirmer quíil a bien le contrÙle suprÍme ? Hamas est encouragÈ par líattention internationale quíil reÁoit, et ses chefs sont visiblement enchantÈs par líoccasion qui leur est offerte de dÈmontrer leur lÈgitimitÈ.

´ Des choses que nous puissions contrÙler ª

Mais, comme Nabil Shaat le souligne, la direction palestinienne a trËs peu díatouts en mains pour montrer quíelle reste ý la fois un partenaire pour la paix et une force politique lÈgitime. ´ Nous travaillons sur des choses que nous puissions contrÙler aujourdíhui. Nous travaillons ý la constitution, nous travaillons ý la rÈforme des institutions palestiniennes, nous poursuivons un dialogue avec Hamas pour mettre fin ý toute violence entre nos groupes et pour mettre fin ý toute violence contre des civils, nous sommes engagÈs dans un processus pour persuader le reste du monde arabe et la communautÈ internationale de garder l'espoir et díessayer díobtenir que le ´ plan de marcheª inspirÈe par les AmÈricains devienne un engagement du Quartet. Voilý ce que nous faisons maintenant. ª

Presque tous les projets de ´ rÈformeª ont dÈsormais ÈchouÈ. Le Plan des 100 jours a ÈtÈ abandonnÈ depuis longtemps. Le cessez-le-feu a du plomb dans líaile. Le ´plan de marcheª a ÈtÈ reportÈe ý la demande de Washington jusquíaprËs les Èlections israÈliennes du 28 janvier 2003.

Sharon, de son cÙtÈ, a qualifiÈ durant sa campagne Èlectorale ´le plan de marcheª du Quartet comme un ´ rien ª.

Et bien sšr, il níy a pas eu díÈlections palestiniennes. Il ne reste que la commission chargÈe de rÈdiger la constitution que dirige Nabil Shaat. Chaque jour, la presse rapporte quíil dÈclare que la rÈdaction est sur le point de síachever dans quelques jours. A ce jour, il est dit que la loi dans la future Palestine sera basÈe sur le Droit de la Sharia, une annonce qui inquiËte la minoritÈ chrÈtienne.

A la diffÈrence de la plupart des femmes arabes, les mËres palestiniennes transmettront leur droit de citÈ ý leurs enfants.

Ces annonces cachent des questions plus fondamentales: les frontiËres de líEtat, dÈjý dÈlimitÈes par le mur en rapide construction et qui dÈborde en Cisjordanie, les droits des rÈfugiÈs et le statut de JÈrusalem.

Un autre responsable palestinien se moque de líenthousiasme officiel de Nabil Shaat et nous dÈclare que le projet de constitution est loin díÍtre rÈdigÈ, toutes les annonces bruyantes de prochaine publication níÈtant destinÈes quíý la consommation internationale. Ahmed Qurei, qui est le prÈsident du Conseil lÈgislatif, hausse les sourcils Ègalement devant la prÈcipitation de la rÈdaction du projet. Selon lui, la rÈdaction díune constitution ´ níest pas une prioritÈ dans la phase actuelle. ª Pour lui, la Loi fondamentale suffira pour les Palestiniens, en tout cas jusquíý la fin de líoccupation. (25 janvier 2003)

*Charmaine Seitz est directrice Palestine Report

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