Palestine

Manifestez votre solidarité avec Hussam Khader!

Nous publions ci-dessous une lettre de Pierre-Yves Salingue - auteur d'un article sur la "feuille de route" que vous trouverez aussi sur ce site: du rêve de l'Etat indépendant à la réalité des bantoustans (27 mai 2003) -  à Hussam Khader. Vous trouverez toutes les indications pour les actions de solidarité en consultant le site

www.hussamkhader.com

Lettre à Hussam Khader , membre du Conseil législatif palestinien, arrêté au camp de Balata (Naplouse) le 18 mars 2003 et emprisonné en Israël depuis sans jugement.

A ce jour , tant en Palestine qu'en Israël et dans " la communauté internationale " les protestations contre cet emprisonnement et les manifestations de solidarité sont restées d'une grande discrétion...

Des amis d'Hussam ont créé un site Web où on peut trouver les informations utiles:www.hussamkhader.com

Mon cher Hussam,

J'ai appris il y a quelques jours que, pour la sixième fois consécutive, le tribunal israélien avait décidé de prolonger  ta détention qui dure depuis le 17 mars.

Ce matin, quand j'ai pris connaissance des résultats de la rencontre Sharon-Mazen jeudi soir à Jérusalem, j'ai décidé de t'écrire.

Parmi les propositions généreuses de Sharon figurait la décision de libérer des prisonniers palestiniens, dont deux responsables politiques.

Vois-tu, je n'ai pas douté un seul instant que tu ne serais pas concerné.

Je suis bien certain que Dahlan et Mazen ne t'ont pas mis sur la liste de ceux qu'ils souhaitent voir libérés en priorité.

Et qui plus est, si par erreur ton nom y figurait, ils le barreraient, comme Arafat t'avait rayé de la liste des candidats du Fatah à Naplouse, bien que tu aies été largement soutenu par les militants. Cela ne t'avait d'ailleurs pas empêché d'être élu comme candidat indépendant  !

Hussan, je dois te dire que tu l'as bien cherché !

Ta détermination à combattre l'occupation israélienne n'a jamais faibli, depuis avant le début officiel de la première Intifada (1987) jusqu'à ce que ce 17 mars 2003 où ils sont venus t'arrêter chez toi, au camp de Balata.

Après y avoir cru comme tant d'autres, tu as compris la logique destructrice des accords de paix  d'Oslo et tu t'es concrètement confronté à ce que tu appelais " le courant des affairistes d'Oslo ", ceux qui profitaient de " la paix ", autrement dit de la poursuite de l'occupation et de la colonisation, pour faire des affaires avec les Israéliens et s'enrichir prodigieusement vite au détriment de la population.

Tu fus parmi les premiers des membres du Conseil législatif à dénoncer la corruption de l'Autorité palestinienne, " la maffia d'Oslo " comme tu  disais. Tu étais des quelques courageux qui publièrent l'Appel des 20 en décembre 1999.

Tu parlais de la deuxième Intifada comme d'un bol d'air, " une bénédiction " nous disais-tu, permettant au peuple palestinien de sortir du désespoir issu de 7 années de tromperies et de frustrations.

Pour autant tu n'étais pas dupe de ses faiblesses et des possibilités de récupération par ceux qui voulaient s'en servir pour en tirer de nouveaux avantages politiques et personnels.

Avec ton sens de la formule tu disais: " on n'a pas fait l'Intifada pour rouvrir le casino de Jéricho " que tu accusais d'être le centre de la corruption palestinienne et le quartier général des services de renseignements israéliens !

Et puis, je suis tenté d'écrire " surtout ", tu es un inébranlable partisan du " droit au retour " des réfugiés.

Réfugié toi-même, vivant dans ton camp à Balata que tu n'as quitté que pour les années d'exil, tu as depuis longtemps compris que la réponse apportée à ce problème serait le moment de vérité de tout " accord de paix ".

En fonction des contraintes internationales et notamment des exigences éventuelles du gouvernement des USA, en attendant des conditions propices à s'emparer d'un autre bout de territoire, les gouvernements israéliens peuvent " transiger " (" faire des sacrifices douloureux " !) sur presque tout: une fiction d'état indépendant, un bout de Jérusalem ...mais pas sur le retour des réfugiés qui porte le fer dans la plaie: le projet sioniste jamais démenti d'un état juif.

Parce que tu savais que " le courant d'Oslo " était prêt à brader sans aucun remord cette revendication tu as créé le " comité de défense des droits des réfugiés palestiniens " et tu avais la certitude que les réfugiés devraient fonder un nouveau mouvement de résistance et un nouveau parti pour conquérir ce droit qui serait bradé dans les inévitables futures négociations qui marqueraient la fin de la deuxième Intifada.

Hussam , ce temps là est arrivé et ton arrestation devenait inévitable.

Et aujourd'hui, avec l'accélération des manúuvres politiques et diplomatiques ton maintien en détention l'est tout autant.

Tu déranges tant de monde des deux côtés de la table de négociation !

Dehors , tu serais capable de crier à la trahison et de dénoncer l'abandon des fondements mêmes de la cause palestinienne !

Tiens, je prends le pari. Des deux membres du Conseil législatif illégalement emprisonnés par Israël ( toi et M Barghouti), si un est libéré, ce ne sera pas toi ! et ce ne sera pas un oubli.

Hussam, je sais ce que tu vas me répondre: l'important pour un militant c'est d'être fidèle à ses convictions et de ne pas trahir les gens qui nous font confiance.

Tu nous parles de défense des droits, de fidélité à nos convictions et à nos rêves, de dignité ...quand tant d'autres veulent tout simplement faire des affaires et garder la fiction de pouvoir qui leur est octroyée !

Allez, en attendant de se revoir à Balata et, un peu plus tard, chez toi à Jaffa, je t'exprime mon soutien dans ton combat et je t'adresse mes amitiés.

PARIS LE 30/05/03  Pierre-Yves Salingue

Haut de page

Retour


case postale 120, 1000 Lausanne 20
fax +4121 621 89 88
Pour commander des exemplaires d'archive:

Soutien: ccp 10-25669-5

Si vous avez des commentaires, des réactions,
des sujets ou des articles à proposer: