Vote du 25 septembre
 
 

Communiqué du Mouvement pour le socialisme (MPS)

Résumé

L’ampleur du NON, quelque 44%, traduit une large réaction populaire face à la dégradation des conditions de vie et de travail. Le vaste front des partis de droite et de gauche et des forces syndicales – placé sous le commandement d’economiesuisse et du Conseil fédéral – n’a pas réussi à imposer une victoire à la hauteur de ses forces unies et réunies.

Même avec l’appui décidé de Ch. Blocher, des poids lourds économiques de l’UDC et de 17 conseillers d’Etat UDC sur 19, le «front uni national» du OUI n’a pas abouti à écraser, comme il l’espérait, ce NON de protestation populaire. Et cela malgré un financement copieux qui a transformé les représentants de tous les partis en supports publicitaires du OUI.

Pour l’Union syndicale suisse (USS) et pour UNIA, le moment de vérité approche.  Après tous les discours et toutes les promesses sur la possibilité de renforcer l’action syndicale grâce aux «mesures d’accompagnement», frappe à la porte l’échéance de la convention collective (CCT) des machines, la principale branche d’exportation en Suisse.

Cette CCT va-t-elle intégrer un salaire minimum ? La flexibilisation à outrance du temps de travail va-t-elle être rejetée ? Les salaires vont-ils être défendus ? Ce sont sur ces questions concrètes que seront jugées par les salarié·e·s – suisses comme immigrés – les directions syndicales, en particulier celle d’UNIA. Ces dernières n’ont-elles pas promis un printemps social en Suisse si le OUI l’emportait ? Les salarié·e·s jugeront ce que les hiérarques syndicaux sont à ce qu’ils feront.

 

1. Ce 25 septembre, l’ampleur du NON, quelque 44%, traduit une réaction populaire face non seulement à un chômage durable, à une précarisation accrue des emplois, mais aussi face à la dégradation du pouvoir d’achat et de la « sécurité sociale » de larges couches de salarié·e·s. Les dites mesures d’accompagnement n’ont pas réussi à rassurer celles et ceux qui, tous les jours, vivent des conditions de travail plus dures et sont frappés par les hausses des loyers, des primes d’assurance maladie. Ces mesures n’ont pas rassuré un grand nombre de salarié·e·s qui, au-delà de 50 ans, sont considérés comme « trop chers » et pas rentables pour la « place économique suisse ».

2. Le Mouvement pour le socialisme (MPS/BFS) se prononçait clairement pour la libre circulation-à-travail-égal-salaire égal et contre des mesures d’accompagnement illusoires. Sans protection réelle contre les licenciements, sans convention collective étendue (avec force de loi), sans contrats-types (avec salaire minimum et horaire de travail maximum), il ne peut exister une protection des salarié·e·s, suisses et immigré·e·s, face aux coups de boutoir patronaux à l’échelle nationale et européenne. Une occasion exceptionnelle existait de donner une musculature à un droit du travail squelettique en Suisse, afin de faciliter les luttes défensives, à l’échelle locale, nationale et, demain, à l’échelle de l’Union européenne.

3. Le pourcentage de NON doit être apprécié en relation avec la campagne massive de propagande fallacieuse en faveur du OUI. Cette dernière a été financée et hégémonisée par les organisations patronales, en particulier economiesuisse. Sous sa houlette se sont alignées toutes les forces politiques. Christoph Blocher, les 17 conseillers d’Etat UDC et les industriels de ce parti ont cimenté cette unité.

Le OUI des employeurs, des forces politiques à la pointe des contre-réformes néoconservatrices en Suisse, a imposé sa loi.

Le dit « OUI de gauche » s’est inscrit directement dans la politique de collégialité fédérale et de «paix du travail» prônée et appliquée par les directions syndicales. Et cela au moment où une « lutte de classe par en haut » – pour reprendre les termes du coprésident d’UNIA, Vasco Pedrina – est déclarée depuis plusieurs années contre tou·te·s les salarié·e·s.

4. Dans les semaines à venir, l’Union syndicale suisse (USS), UNIA (la principale fédération syndicale de Suisse), le Parti socialiste suisse (PSS) et les forces qui se sont alignées sur ces appareils seront soumis à la preuve de vérité.

Les employeurs de l’industrie des machines veulent supprimer le 13e salaire, augmenter le temps de travail et maintenir sa flexibilisation. Ils refusent une véritable compensation du renchérissement. UNIA, qui a tant vanté l’importance des conventions collectives de travail (CCT), va-t-il enfin obtenir l’établissement d’un salaire minimum dans toute la branche? Va-t-on assister à une mobilisation et une campagne politico-syndicale unitaire pour faire plier le patronat à l’occasion de la négociation de cette CCT qui fait référence en Suisse ?

Le nombre de contrats-types – assurant un salaire minimum – qui seront mis en place dans les mois à venir sera aussi révélateur de la capacité des directions syndicales à traduire dans les faits les promesses faites à l’occasion de cette votation.

Il ne faudra pas longtemps pour mesurer le vide des discours de ces dirigeants syndicaux et de la dite gauche. La méfiance et la désillusion des salarié·e·s face aux syndicats ne feront alors que s’accroître. La droite nationaliste en profitera.

La nécessité d’une refondation et réorganisation de la politique syndicale et des structures syndicales, dans ce contexte, s’affirme avec d’autant plus d’urgence.

5. Les employeurs et le Conseil fédéral n’ont pas manqué de souligner la priorité qu’ils donneraient, dans leur politique migratoire, aux ressortissants de l’UE à 25. «Le plombier polonais» est plus catholique que «le plombier turc» ! La politique de « préférence nationale » sera étendue à l’échelle de l’UE, au désavantage des salarié·e·s des Etats tiers.

La conclusion coule de source: la Loi sur les étrangers (LEtr) et la Loi sur l’asile (LAsi) seront présentées comme un complément de la nouvelle « politique migratoire » concrétisée par les accords dits de libre circulation étendue aux 10 nouveaux pays de l’UE.

Que feront le PSS et l’USS face à ces deux lois xénophobes et ségrégationnistes ? Dans le sillage de l’unité nationale consolidée à l’occasion de la votation du 25 septembre, ils hésiteront à deux fois avant de s’engager en faveur d’un référendum contre ces lois scélérates. Eux qui ont qualifié le NON comme ne pouvant être que xénophobe seront soumis, de même ici, à la preuve de vérité, à un test révélateur quant à la réalité de leurs engagements proclamés. 

6. Le MPS, dans la continuité de sa campagne pour une libre circulation à-travail-égal-salaire égal et contre la forfaiture des mesures d’accompagnement – ce qui a commandé son NON –, consacrera ses forces à participer, d’une part, à toutes les initiatives concrètes visant à bloquer le dumping social et salarial et, d’autre part, à celles devant mettre en échec la LEtr et la LAsi.

Genève, Lausanne, Fribourg, Zurich, Bellinzone, 25 septembre 2005, 15 h

 
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