Communiqué de presse du mercredi 26 janvier 2005 – 18h00

Le personnel de Filtrona a accepté par 91 voix la convention proposée hier par la direction de Filtrona International devant l’office de conciliation. 16 personnes se sont abstenues et 6 ont refusé la convention. Avec ce vote se termine une étape de la lutte exemplaire déclenchée le 30 novembre 2004 afin d’obtenir des garanties pour l’emploi et un plan social.

La convention qui prévoit un montant de 2 millions CHF pour le plan social et une garantie de l’emploi jusqu'à fin juin 2005 n’est évidemment pas à la hauteur des attentes des salarié·e·s. Le 14 janvier 2005, les salariés avaient refusé ce même montant et maintenu leur revendication de 3,5 millions CHF pour un plan social. Ils et elles estimaient leur revendication légitime face à une multinationale qui génère régulièrement des bénéfices dont profitent largement ses actionnaires, un groupe qui allait encore pouvoir accroître son profit  grâce au savoir et à la technologie développés par les salarié.e.s de Crissier.

En acceptant 2 millions, après les avoir refusé dans un premier temps, et avoir relancé la grève durant 4 jours, les salarié.e.s ont estimé avoir obtenu le maximum que leur lutte pouvait apporter dans le contexte économique et social actuel. En effet, non seulement les lois suisses ne sont pas en faveur des salarié.e.s , mais le monde politique, les autorités, ont démontré leur impuissance (et un manque de volonté ?) pour défendre et soutenir ce combat. Que ce soit au niveau cantonal ou fédéral, la prudence a prévalu et le leitmotiv de la liberté du marché a été l’excuse pour ne rien faire.

Cette lutte aura été extraordinaire jusqu’au bout.  Sans elle, les salarié·e·s n’auraient eu aucun plan social. Sans elle, le groupe Bunzl aurait pu tranquillement fermer l’entreprise dans quelques mois, sans que personne ne s’en émeuve. Les licenciements et les fermetures d’entreprise sont devenus une banalité, une fatalité en Suisse et dans le monde. Les salarié.e.s de Filtrona ont démontré qu’il est possible de se battre contre des employeurs aussi grands et puissants soient-ils. Et ils ont gagné en respect, en dignité et aussi quelque argent. Ils auraient mérité davantage. Le syndicat comedia s’est renforcé dans cette bataille par une convaincante démonstration de solidarité entre salarié·e·s.

La prochaine étape est la rencontre internationale du 29 avec des salariés d’autres sites européens. Les contacts noués avec les autres sites seront développés ces prochains mois.


Communiqué de presse du lundi 24 janvier 2005 – 17h00


24 heures avant le début de négociations devant l’Office cantonal de conciliation

La direction de Filtrona Suisse SA joue les provocations

Ce matin, lundi 24 janvier 2005, M. Jones, directeur de Filtrona Suisse SA, a convoqué deux membres de la commission du personnel pour les informer qu’il avait l’intention de déménager une machine demain matin à 10h00. Cette machine devrait partir pour les Etats-Unis.

Or, c’est entre autres le déménagement de cette machine qui avait mis le feu aux poudres en novembre dernier. Les salariés de Filtrona Suisse constataient qu’au fil des mois la multinationale anglaise vidait le site de Crissier de sa substance. Une première machine - fruit de la recherche technologique développée à Crissier pour la fabrication des filtres à cavité -  partait pour l’Angleterre au mois d’août 2004. Une deuxième machine était sur la liste, des pièces de machines devaient suivre, et du personnel anglais et américain venait se former en Suisse…

La question du démantèlement du site et du déménagement des machines avait été mise sur la table des négociations. Au cours des différents rounds, une convention avait été signée entre la direction, la commission du personnel et le syndicat comedia qui interdisait le démantèlement et le déménagement des machines et des pièces de machines durant toute la durée des discussions.

A la veille des négociations,  cette décision de la direction est une réelle provocation : les représentants de la direction britannique semblent vouloir inciter les salariés à reprendre le mouvement de grève… pour éventuellement refuser de négocier demain ! Le personnel a fait savoir à la direction qu’il refusait la sortie de la machine jusqu’à la conclusion d’un accord contractuel comprenant un plan social.

En outre, la sortie de la machine, décidée de manière précipitée, devrait se faire dans des conditions dangereuses pour la sécurité des salariés car l’élévateur adéquat pour ce type de transport n’est pas disponible pour mardi matin. Le syndicat a interpellé la caisse nationale suisse d’accidents (SUVA) pour qu’elle exige le respect des mesures de sécurité. De son côté, le président de l’Office cantonal de conciliation a demandé à la direction anglaise de s’abstenir de toute mesure belliqueuse tant que l’office était saisi.


Communiqué de presse du vendredi 21 janvier 2005 – 16h00

Suspension de la grève

Le personnel de Filtrona Suisse SA a décidé de suspendre la grève jusqu’à mercredi 26 janvier 2005 à 13h afin de redonner une nouvelle chance aux négociations devant l’Office de conciliation qui auront lieu le 25 janvier.

Suite à la saisine de l’Office de Conciliation par la direction de Filtrona Suisse , le président de l’Office a convoqué séparément les deux parties jeudi 20 janvier 2005 en fin d’après-midi. Il leur a fait part de sa volonté de résoudre le conflit qui dure depuis la fin du mois de novembre. Il a annoncé qu’il présenterait mardi une nouvelle proposition. Il a en outre demandé aux deux parties de renoncer aux mesures de coercition.

En effet, une lettre de la direction de Filtrona du 19 janvier 2005 demandait à chaque salarié·e de signer un formulaire indiquant s’il ou elle était disposé à reprendre le travail. Dans ce cas, la personne devait immédiatement quitter le bâtiment et rester à disposition de l’employeur pour reprendre le travail dès qu’elle en recevrait l’ordre par téléphone. Ce formulaire devait être remis à la direction avant le 24 janvier. Il annonçait aussi que toutes les personnes qui n’étaient pas en grève, seraient licenciées pour juste motif, si elles refusaient d’aller travailler dès qu’elles seraient convoquées. Cette menace de licenciement, la troisième depuis le début de la grève, n’a pas intimidé les salarié·e·s. C’est une mesure de coercition, interdite lorsque l’Office de conciliation a été saisi et elle devait en tant que telle être retirée.

Sur proposition de l’Office de conciliation, le personnel a voté la suspension de la grève à une nette majorité. Lors de l’assemblée, le personnel a aussi clairement indiqué que cette décision serait revue le mercredi 25 janvier en fonction de l’offre de la direction de Filtrona.

Pour manifester sa détermination, le personnel participera massivement à la manifestation qui aura lieu le 22 janvier à 14h (départ Pl. St François à Lausanne). Il invite la population à se joindre à eux dans cette lutte qui concerne toutes et tous les salarié·e·s.


Communiqué de presse du mardi 18 janvier 2005 - 18h30

Rencontre avec le Conseiller fédéral Joseph Deiss - Stuation à Greensboro USA

Une délégation des salariés de Filtrona Suisse SA a été reçue aujourd'hui par M. le Conseiller fédéral Joseph Deiss du Département de l'économie. De l'autre côté de l'Atlantique, les collègues de Filtrona Greensboro ont vu l'une de leurs machines partir pour le Mexique.

Le Conseiller fédéral Joseph Deiss a reçu la délégation des salariés de Filtrona Suisse entre 16h00 et 17h00. Au cours de cette rencontre, le Conseiller Fédéral a appelé les deux parties à reprendre les négociations au plus vite afin que le conflit cesse. Il a montré sa grande préoccupation et indiqué qu'il allait recevoir prochainement M. Dylan Jones, directeur de Filtrona Suisse SA.

Les représentants des salariés accompagnés par le syndicat comedia saluent l'intervention de M. Deiss et souhaitent que la multinationale anglaise BUNZL comprenne l'aspect exceptionnel d'une telle intervention. La délégation reçue au Palais fédéral estime que cette démarche du Conseiller fédéral doit aboutir à une reprise des négociations avec une direction mieux disposée à comprendre les règles de négociation locales. Elle espère que ses revendications pour un droit à l'information, à la participation et pour l'obtention d'un plan social équitable soient mieux comprises et admises par la direction de la multinationale.

Aujourd'hui, les salariés de Crissier ont appris de leurs collègues de Greensboro aux Etats-Unis que ces derniers se trouvent dans une situation tout aussi difficile : une machine particulièrement performante de leur site vient d'être expédiée au Mexique, où un nouveau site de production a été inauguré par Filtrona la semaine dernière. Ce déménagement de technologie a d'ores et déjà entraîné la perte de plusieurs postes de travail. Les salariés de Crissier tenteront encore d'intensifier les contacts avec leurs collègues à travers le monde pour dénoncer la politique de délocalisation brutale et intransigeante de Filtrona/Bunzl.


Communiqué de presse du lundi 17 janvier 2005

Filtrona: Le personnel reprend la grève

Avec une majorité de 75 %, le personnel de Filtrona Suisse S. A. a décidé à 13 h 00 de reprendre la grève. La trêve décidée le 21 décembre 2004 – qui impliquait une reprise du travail – n'a pas permis d'obtenir un résultat satisfaisant à ce jour.

Ce matin, M. Dylan Jones a rencontré la Conseillère d'Etat Jacqueline Maurer. A cette occasion, il a répété que la multinationale Bunzl/Filtrona avait décidé que le montant maximal accordé en cas de restructuration ou de fermeture serait de CHF 2 millions. Cette offre a été présentée comme définitive par la direction anglaise. A 13 h 00, le personnel a donc pris acte de l échec de la démarche du Conseil d'Etat. Le préavis de grève voté le 5 janvier a donc été remis au vote et confirmé par 75 % du personnel (118 personnes présentes). A la suite de cette décision, la direction a immédiatement informé la commission du personnel que :
1. le montant de 2 millions est retiré avec effet immédiat
2. les salariés n'ont plus le droit de rester dans l usine
3. tant que la grève dure, il n'y aura plus de négociations.

La direction a également re-saisit l'office de conciliation cet après-midi. Le personnel, aussi solidaire qu'au premier jour, reste déterminé à faire grève à l'intérieur de l'usine – des piquets de grève sont déjà en place. Les salariés sont maintenant dans l'attente d'une convocation à l'Office de conciliation, dans l'espoir qu'une nouvelle négociation pourra avoir lieu et aboutir à un résultat enfin satisfaisant.

Enfin, la question de la poursuite de la production sur le site de Crissier reste sans réponse: la direction a répété à la Conseillère d'Etat que la décision serait prise mi-avril uniquement. D'ici là aucune information ne sera donnée à ce sujet, répète cette même direction.


Communiqué de presse du mercredi 14 janvier 2005

Filtrona: 2 mio. – une offre toujours insuffisante

Le dernier round de négociations entre les représentantes et représentants du personnel et la direction de Filtrona s'est terminé vendredi matin par une nouvelle proposition de la direction: 2 millions au lieu des CHF 1,7 millions qui avaient été posés sur la table de négociations le 3 janvier 2005. « Insuffisant » dit le personnel à l'unanimité.

Les négociations entre la délégation du personnel composée de deux salariés et deux secrétaires de comedia et la délégation patronale ont débuté jeudi 13 janvier à 12 h 00. Cette première séance a commencé par un échange d'informations au sujet du débrayage du 12 janvier et des violations des obligations légales de Filtrona par le non paiement des salaires des personnes malades, accidentées ou en vacances au mois de décembre pendant la grève. La direction a ensuite indiqué que les négociations ne pouvaient pas se poursuivre car le directeur général de Filtrona, M. David Webster, arrivait en Suisse le soir même et participerait aux négociations du vendredi 14 janvier 2005.

Les négociations ont donc repris ce vendredi matin à 8 h 30: très rapidement un nouveau montant a été mis sur la table : 2 millions, soit CHF 300 000 de plus qu'auparavant. M. Webster a insisté sur le fait qu'il s'agissait de la toute dernière offre et que la délégation du personnel se devait de faire admettre au personnel que ce montant était « fair ». Le mandat de la délégation du personnel était de ne pas négocier en dessous de CHF 3,5 millions. Face à l'avancée insignifiante de la direction, les représentants du personnel ont proposé de sortir toutes les personnes de plus de 57 ans du plan social de 2 millions (20 personnes) et de garantir à ces dernières une retraite anticipée comprenant un pont AVS. Les 2 millions devraient alors être répartis entre le reste du personnel. Cette proposition a été refusée par la direction qui a estimé qu'elle était trop chère. La direction a répété: « ces 2 millions sont notre dernière offre, si le personnel arrête le travail ce montant est remis en question ».

A 13 h 00, le personnel de Filtrona a pris connaissance de ce montant et, sans surprise, a estimé qu'il était nettement insuffisant. Les salariés ont pris la décision de donner à la direction un délai à lundi 17 janvier 13 h 00 pour qu'elle reconsidère sa proposition: l'assemblée de lundi à 13 h 00 prendra alors une décision concernant les mesures de lutte. Entre-temps des contacts ont été pris avec le Conseil d'Etat pour qu'il intervienne auprès de la direction de la multinationale anglaise. M. Webster et M. Scollen repartent pour l'Angleterre aujourd'hui.

La lutte des salariés de Filtrona Suisse commence à se faire connaître en d'autres lieux: en effet l'information écrite distribuée dans des usines Filtrona d'Italie, d'Allemagne et d'Angleterre a fait réagir la direction. Hier, le 13 janvier, M. Webster a pris le temps de rédiger une note écrite destinée à la Commission d'entreprise de Filtrona Jarrow (UK) par laquelle elle se positionne sur le conflit Filtrona Suisse.

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