Travailleurs de Filtrona en lutte
 
 

Les salarié·e·s de Filtrona ont repris la grève
Ils et elles ont besoin de votre solidarité

Rassemblement-manifestation
Samedi 22 janvier à 14 h
Pl. St-François, Lausanne

Le 30 novembre, les salarié·e·s de l’entreprise Filtrona à Crissier se sont mis en grève, soutenus par le syndicat comedia. Elles et ils exigent des garanties pour leurs emplois et des négociations pour un contrat collectif de travail contenant des mesures d’accompagnement en cas de restructuration de l’usine.

Délocalisation ? fermeture ?

Tout indique que la multinationale anglaise Bunzl, qui a racheté l’usine il y a un peu plus d’une année, a l’intention de délocaliser l’entreprise, après avoir pillé le savoir et les outils de production, mis en place depuis de nombreuses années par les salarié·e·s :

• avant de venir en Suisse, le nouveau directeur s’était chargé de fermer une usine en Italie ;

• plusieurs machines parmi les plus performantes ont été démontées et une a été expédiée en Angleterre, alors que des travailleurs anglais sont venus se former sur ces machines ;

• la direction ne veut donner aucune information sur l’avenir de la production en Suisse. Et pourtant, l’entreprise est rentable et ne manque pas de clients (Filtrona détient le monopole mondial de la production de filtres spéciaux).

Une direction dure et arrogante

Malgré la grève, la direction a persisté dans une attitude très dure, refusant de répondre aux questions pourtant élémentaires des salarié·e·s sur l’avenir de l’entreprise. La politique de Filtrona a dès le début consisté à cultiver le flou et l’incertitude concernant les objectifs du groupe Bunzl / Filtrona tout en affirmant que le site avait 18 mois pour démontrer sa rentabilité.

La suspension pendant une journée de la grève, le 13 décembre, en signe de bonne volonté, a aussitôt été exploitée pour tenter d’imposer des conditions de travail inacceptables, en particulier en ce qui concerne la qualité des produits, contraignant les salarié·e·s à se remettre en grève.

Des négociations enfin, mais un résultat insatisfaisant

Le 20 décembre, après 3 semaines de grève, de vraies négociations avaient enfin semblé avoir une chance de s’ouvrir. Le personnel avait alors décidé le 21 décembre de reprendre le travail. De 0 franc avant la grève, le montant proposé par la direction pour un plan social en cas de fermeture est passé à 1,2 million, puis à 1,7 million et enfin à 2 millions.

L’assemblée des salarié·e·s n’a pu que constater que ces propositions étaient insuffisantes. Des dizaines d'employé·e·s de Filtrona ont travaillé des dizaines d'années dans cette entreprise et ils·elles devraient se contenter d'une indemnité scandaleusement basse en cas de licenciement. Les autorités cantonales l'ont d'ailleurs officiellement reconnu: ce montant proposé par la direction de Filtrona est nettement inférieur aux plans sociaux acceptés par les entreprises qui ont licencié dans la région, ces dernières années.

Ces montants sont de plus proportion avec la santé insolente du groupe Bunzl (chiffre d’affaires en 2003 de près de 6 milliards de francs dans le monde ; bénéfice de 471 millions de francs en 2003, en hausse de 10 % en 2003 et de 11 % en 2004). Pour les salarié·e·s, Bunzl a les moyens de financer un plan social satisfaisant, d’autant plus que le site de Crissier est rentable et que le carnet de commandes est bien rempli.

Confronté au refus borné de la direction de faire une offre acceptable, l'assemblée des salarié·e·s du lundi 17 janvier a donc décidé de reprendre la grève.

Solidarité !

Après 6 semaines de lutte, les salarié·e·s de Filtrona ont besoin de manière urgente de votre solidarité.

• en participant à la manifestation de samedi, vous la leur démontrerez et leur donnerez de la force pour poursuivre leur lutte difficile.

Mais ce soutien doit aussi être matériel : de tout le mois de décembre, les salari·e·s de Filtrona n’auront travaillé que 3 jours. Certain·e·s ont des salaires bas, ou sont payés à la semaine, et sont dans une situation financière difficile, malgré les indemnités de grève versées par le syndicat comedia. Le comité de soutien a organisé des collectes, dans la rue et dans les entreprises de la région, qui sont un apport modeste mais utile.

• versez votre contribution sur le CCP 10-4735-1, Union syndicale vaudoise (mention Filtrona) ou 30-458-7, comedia, Berne, (mention Filtrona)

• organisez des collectes sur votre lieu de travail : 1 heure de salaire pour les grévistes de Filtrona.


« Assumer la responsabilité de décisions dures » :
Davos à Crissier

Le slogan 2005 du World Economic Forum de Davos (WEF) a le mérite d’être clair. Les dirigeants des principales entreprises multinationales et les leaders politiques s’y encouragent mutuellement à prendre des « décisions dures » pour sauver et accroître leurs profits. Le message a en tout cas été reçu 5 sur 5, et mis en pratique, par les Dylan Jones, John Scollen et autres David Webster de la direction de Bunzl / Filtrona.

Que cette manifestation de solidarité avec les travailleurs de Filtrona tombe le jour prévu pour la manifestation – interdite de fait – contre le WEF à Berne est donc symbolique. A l’internationale des possédants, qui s’organise entre autres à Davos, doit répondre une solidarité internationale des salarié·e·s, un syndicalisme international. Les salarié·e·s de Filtrona s’en sont bien rendu compte, et ont pris contact avec les travailleurs et travailleuses du groupe en Italie, en Allemagne, en Angleterre et aux Etats-Unis.

D'ailleurs, l'entreprise de Filtrona à Greensboro, aux Etats-Unis, est en train de subir le même sort que l'usine de Crissier: des machines très performantes y sont démontées pour être déplacées dans une nouvelle usine de Filtrona au Mexique…


Défendre l’emploi dans la région

La région de l’Ouest lausannois a été durement touchée ces dernières années et les fermetures d’entreprise se sont multipliées : Iril, Leu, Veillon, Kodak. Soutenir les salarié·e·s en grève, c’est donc se soutenir soi-même. Notre avenir et celui de nos enfants est plus important que les profits exigés par le groupe anglais qui a racheté l’entreprise.

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