Droits syndicaux dans les entreprises
 
 

Répression antisyndicale chez Matisa (Vaud)

Lors de la campagne concernant les "mesures d'accompagnement" à l'occasion du vote sur les bilatérales II, La Brèche et le MPS ont mis l'accent sur l'importance d'une protection contre les licenciements, en particulier des délégués syndicaux. Il n'a pas fallu longtemps après le vote du 25 septembre pour que les pratiques normales – connues – du patronat s'affirment au grand jour. Comme le dit Rudolf Ramsauer, directeur de la Fédération des entreprises suisses (economiesuisse) : "La campagne sur l'élargissement de la libre circulation des personnes fait désormais partie du passé". Vasco Pedrina, co-président d'Unia, dans un récent entretien avec L'Evénement syndical, soulignait l'importance de l'appui de l'USS et d'Unia pour la victoire du oui. Ramsauer, est plus réaliste, il titre son éditorial : "Voie bilatérale : l'engagement de l'économie a payé" (newsletter, no 10, octobre 2005). En effet, la campagne syndicale est apparue comme soumise aux "impératifs de l'industrie d'exportation et de la compétitivité de l'économie suisse".
Pour assurer cette compétitivité, affaiblir les positions des syndicats - qui sont déjà frêles - dans les entreprises devient un objectif très concret du patronat. Ainsi, quelques semaines après le vote, la répression antisyndicale se manifeste chez Matisa et aussi chez Caran d'Ache (Thônex, canton de Genève). Or, sans protection contre les licenciements, comme nous n'avons cessé de le répéter (dans la foulée de ce que disait l'USS en 2003 et 2004) il ne peut y avoir de véritable lutte contre la sous-enchère salariale et sociale. Nous reproduisons ci-dessous un extrait de l'article du numéro 43 de L'Evénement syndical (26 octobre 2005). Peut-être les faits mentionnés ont-t-il s suscité quelques réflexions parmi les sommets d'Unia? On peut toujours espérer...

La direction de l'entreprise Matisa, à Crissier (Vd), a annoncé le 10 octobre qu'elle entendait licencier Jean-Marc Coulon, le président de la commission d'entreprise. Ce soudeur âgé de 52 ans est employé depuis 15 ans à Matisa, il a été réélu à la commission par ses collègues, en avril dernier. Comme Jean-Marc Coulon a récolté deux fois plus de suffrages que son dauphin, il a été, par la suite, élu président de la commission d'entreprise.
Selon Aldo Ferrari
[dirigeant d'Unia-vd], la direction de Matisa n'a formulé aucun grief valable d'ordre professionnel contre son militant [sic!] : "il s'agit incontestablement d'un licenciement qui vise à faire peur à l'ensemble des salariés de Matisa." Le secrétaire régional d'Unia Vaud parle aussi d'un climat détestable, "de terreur" au sein de l'usine spécialisée dans le matériel industriel.
Unia espère encore que la direction renoncera à confirmer le licenciement de son soudeur. Quant au principal intéressé, le ciel lui tombe sur la tête :
"je n'ai rien à me reprocher, je suis confiant, je serai réintégré." Pour l'heure, Matisa refuse de le voir dans l'entreprise, Coulon a été libéré de toutes ses obligations. [...] La semaine dernière, nouveau rebondissement dans l'usine. Jeudi matin la direction destitue les deux membres encore en place de la commission d'entreprise. Au motif que des élections générales à la commission devaient se tenir le 25 octobre. Réaction immédiate d'Unia contre cette initiative qui fait fi de toutes les procédures conventionnelles et du propre règlement d'entreprise de Matisa. Le jour même, la direction, rappelée à l'ordre, revient en arrière. "Cette nouvelle attaque contre deux représentants des travailleurs de Matisa est une attaque contre toutes les commissions du personnel et contre tous les travailleurs en général", remarque, furieux, Yves Defferrad responsable pour l'industrie à Unia Vaud.
Cette affaire d'une gravité extrême tombe alors qu'Unia négocie le renouvellement de la convention nationale de l'industrie des machines. Et l'une des revendications du syndicat, formulée par les militants est justement d'obtenir une meilleure protection des commissions d'entreprise
[...]

Les commissions d'entreprise de nombreuses firmes (Bobst, Sapal, Tesa, Maillefer, Gardy, etc.) ont envoyé des lettres à la direction de Matisa. Une pétition de soutien à Jean-Marc Coulon peut-étre signée sur le site d'unia. Nous invitons tous nos lecteurs et lectrices à le faire. (réd. La Brèche)