Nestlé St-Menet
 
 

NESTLÉ : CACAO PAS K.O. !

Entretien avec Patrick CANDELA (C.G.T.)

Qu’est-ce qui a motivé l’occupation de l’usine ?

Le 24 juin, nous apprenons que consigne a été donnée aux chefs d’ateliers d’arrêter la production, contrairement à l’engagement selon lequel elle ne serait arrêtée que le 30. La Direction et presque tous les cadres avaient quitté l’usine, alors que toutes les actions en justice et les procédures légales n’étaient pas terminées. Les salariés ont donc décidé la " mise sous protection " de l’usine.

Sous quelle forme ?

Dès le début, cette occupation a visé la poursuite de l’activité. Un rassemblement s’est tenu devant l’usine le 30 juin, jour prévu pour l’arrêt de la production, en présence de délégations syndicales, de l’UD, de nombreuses UL CGT, et de salariés en lutte, pour dire " on est toujours là, l’usine n’est pas fermée ! ". L’occupation n’était pas une grève, mais plutôt une réquisition de l’outil de travail pour contester le pouvoir patronal. Dès le 1er juillet, décision était prise de redémarrer des lignes de production sous notre seule responsabilité. La direction voulait nous mettre en congé d’office, nous avons décidé de rester à notre poste. L’occupation a eu pour effet que d’avantage de salariés s’impliquent. Il y a un élargissement de la lutte. Sûrs de notre droit, nous avons continué à nous rendre au travail en faisant les 3/8.

Peux-tu nous dire un mot sur le jugement du 4 juillet ?

Suite à un référé déposé par NESTLÉ, ce jugement nous oblige à lever l’occupation et les barrages sous peine de 500 d’astreinte par jour de retard. Mais parallèlement, il ordonne à NESTLÉ de remettre l’usine en état de marche (la direction avait fait couper le gaz, le réseau informatique, résilié les contrats poste, entretien…) La gestion normale des matières premières doit aussi être assurée avec 50.000 d’astreinte.

Vous étiez au Tribunal le 5 juillet…

C’était pour suspendre l’application d’un jugement donnant raison à NESTLÉ pour fermer le 30 juin. Le Tribunal statuera le 16 août, mais en attendant nous avons obtenu que l’appel soit suspensif. Les 7 et 8 juillet devait se tenir un C.C.E. à Noisiel. Nos délégués y sont allés, accompagnés de 50 salariés, non pour négocier, mais pour dénoncer la non-application par NESTLÉ des décisions du tribunal et leur imposer la reprise de la production. Nous exigeons le rejet du Plan " social " proposé, nous estimons toujours que la fermeture n’a aucune justification économique et demandons que le dossier soit réglé à Marseille et pas à Noisiel.

Et la solidarité ?

Elle vient de partout : Message de l’Union Internationale des Travailleurs de l’Agroalimentaire ; du C.E. de NESTLÉ Europe, des Commissions Ouvrières de NESTLÉ Espagne, de LUSTUCRU, des salariés des magasins Fabio LUCCI qui ont obtenu récemment une grande victoire, etc… Sans compter les responsables politiques qui sont venus nous rendre visite à l’usine comme M. George BUFFET ou Olivier BESANCENOT.

Et maintenant ?

NESTLÉ doit exécuter les décisions de justice et que l’usine doit redémarrer. Nous devons pouvoir prendre nos congés normalement. Nous comptons aussi continuer notre lutte et exiger des Pouvoirs Publics qu’ils interviennent face à NESTLÉ, que notre projet de reprise soit débattu et pris en compte. Nous demandons sur ce point une rencontre entre NESTLÉ Suisse, VILLEPIN et les salariés.

Savez-vous que vous êtes devenus un symbole de la lutte pour l’emploi ?

Tout le monde n’en a pas encore vraiment conscience, tant nous sommes dans la lutte jusqu’au cou, mais si celle-ci peut servir, tant mieux.

Entretien réalisé par Jean-Marie Battini pour Rouge, hebdomadaire de la LCR (Ligue communiste révolutionnaire)