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Elections nationales 1999


Un monde d'inégalités

Les 20 % les plus riches de la population mondiale accaparent 86 % du PIB mondial, c'est-à-dire de la richesse produite en une année (en rouge).

Ils ne laissent que 13 % (en gris) aux « catégories intermédiaires » (60 % de la population mondiale).

Et 1% (en noir, à droite) aux 20 % les plus pauvres.

Chaque carré représente 1% du PIB mondial


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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Immigration et asile
Du « hors droit »
à la convergence des droits

 

    L’histoire du capitalisme est marquée par de vastes migrations de populations. A la veille de ce siècle, des millions d’Européennes et d’Européens – parmi lesquels de nombreux Suisses ! – sont partis à la recherche d’une nouvelle vie aux Amériques.

    Après la Deuxième Guerre mondiale, des centaines de milliers de travailleurs immigrés sont venus en Suisse : Italiens, Espagnols, Portugais, Yougoslaves… Et n’oublions pas les réfugiés : Hongrois, Tchèques, Vietnamiens, Kurdes, Tamouls, Angolais ou Kosovars. Les raisons de ces migrations ne sont pas mystérieuses :

  • Les employeurs des économies dominantes vont puiser dans les réservoirs de « travailleurs désoccupés » des pays avoisinants. En une phrase : « ils importent des bras ».

  • Depuis les régions laissées sur les bas-côtés des autoroutes sélectives du développement émigrent des femmes et des hommes. Le départ est souvent une déchirure. Ils partent « au loin » pour chercher un emploi, pour fuir l’infortune, pour tenter d’aider leurs proches et, demain peut-être, retourner au pays.

  • La mondialisation capitaliste a fait de la planète un archipel constitué, dans chaque continent, de grandes métropoles qui attirent des migrants pour assurer « leurs diverses tâches domestiques ».

  • Les guerres et les persécutions – souvent attisées par le pillage conjoint des banques créancières occidentales et des élites locales corrompues – enlèvent la liberté de vivre dans leur pays à des populations entières. En très grand nombre, elles cherchent refuge dans d’autres régions pauvres. Seule une infime minorité de migrants se risque à escalader les enceintes – légales et de barbelés – dressées autour des pays riches.

 

Des « marchandises » pour contrebandiers

    Comme les quartiers huppés des grandes métropoles, les pays nantis « se protègent » des flux migratoires derrière un mur fait de contrôles policiers et de mesures dissuasives. En Suisse, une telle stratégie a été adoptée par tous les partis gouvernementaux. Même si certains, par souci de marketing, laissent transparaître sous le strict uniforme du gendarme un « bon cœur », élastiquement charitable.

  • Cette politique du cadenas est trompeuse. En effet, hier comme aujourd’hui, il s’avère illusoire de maîtriser les frontières. Leur fermeture aboutit à fabriquer des clandestins, à multiplier les contrebandiers industriels de migrants ainsi que les marchands de travailleurs-euses au noir.
    Dès lors se crée une zone grise où évoluent, sans droits, des salarié·e·s précaires et leur famille.

  • Cette politique condamne les réfugiés, les demandeurs d’asile et une part des immigrés à trouver leur chemin dans un lacis de discriminations. La multiplicité des permis et des statuts sanctifie l’arbitraire et viole les droits de la personne : le saisonnier ne peut faire venir sa famille ; le clandestin paie très souvent des assurances sociales, mais ne peut en jouir ; le détenteur d’un permis annuel vit dans l’incertitude de son renouvellement.
    Les droits politiques (vote et éligibilité) sont déniés à tous les étrangers, même après des années de vie, de travail, d’études en Suisse.
    Enfin, sont projetées sur la place publique des « figures » suscitant la méfiance : le « faux réfugié », le « Slave délinquant » ; elles rappellent celle du « rital fainéant » des années 50 et 60. Ces préjugés officialisés blessent et peuvent rendre pénibles même de simples démarches administratives.

 

L’injustifiable
devient la norme

    Ces zones grises du marché du travail et le système de discriminations offrent des laboratoires à un chapelet d’entreprises. Elles y expérimentent le contournement, plus ou moins raffiné, des lois, des Codes et de la Constitution. Inévitablement, des entreprises ayant pignon sur rue les imiteront.

  • L’accoutumance vient vite. Ainsi, admettre le statut inadmissible de saisonnier facilite l’acceptation, dans les mentalités, d’une extension du statut de travail à la demande ou sur appel. Cultiver au grand jour le « hors-contrat » et le « hors-la-loi » dans la construction ou la restauration – parce qu’ils frappent des réfugiés ou des immigrés – aboutit à dévaluer le sens et le contenu d’un contrat de travail dans les bureaux ou les grandes surfaces.
    L’hyperréglementation des migrations conduit ainsi à instaurer une situation d’exception permanente pour des migrants. Par effet de contagion, la déréglementation des conditions de travail pour des secteurs de salarié·e·s précarisés, nationaux et immigrés installés, peut plus facilement se diffuser.

  • La stratégie officielle du bunker attise la xénophobie et le racisme. En effet, afin de camoufler le sens et la réalité de leurs politiques « de migration contenue » ou « de très bas taux d’acceptation de l’asile », les autorités montent en épingle le thème de l’insécurité.
    Or, ce sont ces autorités qui provoquent l’insécurité. Elles multiplient les interrogations trompeuses sur la solidité financière de l’AVS, symbole d’un avenir protégé. Elles minent la vraie sécurité, qui ne peut être que sociale : emploi, santé, logement. Elles utilisent des frustrations et des craintes diverses pour susciter des réflexes sécuritaires : « Il faut de l’ordre ». Dans ce climat, des boucs émissaires peuvent facilement être désignés : les requérants d’asile, les immigrés, les « étrangers ».
    Sur un tel terreau cultivé par les forces gouvernementales, rien d’étonnant à ce que Blocher puisse prospérer.

 

Réunifier les « droits
de l’homme,
du citoyen et
du salarié »

    Une politique respectueuse des droits de la personne et du citoyen doit prendre acte du caractère irréversible des migrations et se féliciter de leur potentiel d’enrichissement de la collectivité, sur les plans culturel, social et économique.

    => Sur cette base pourront et devront être élaborées les règles pour un vivre ensemble dans des sociétés où la multi-appartenance à des langues, à des cultures, à des histoires renforce l’aptitude de chacun à estimer la valeur de chaque apport particulier. Des exemples existent qui indiquent les possibilités d’une telle avancée : depuis les manifestations musicales et culturelles – bigarrées et cosmopolites – jusqu’aux multiples initiatives scolaires qui impliquent des échanges dits interculturels.

    => Sur cette base devraient se nouer des actions faisant converger le refus de toute discrimination envers les immigré·e·s et la mobilisation pour une revalorisation générale de la protection contractuelle du travail. Voilà une voie pour que s’échafaudent des collectifs solidaires sur les lieux de travail… et donc aussi hors du travail.

=> Un vivre ensemble – pour vivre bien les rencontres d’expériences diverses – se constituera parallèlement à l’exigence constante d’une totale égalité de droits, y compris politiques, pour toute personne vivant et travaillant dans ce pays.

=> Le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile doit être inviolable, car il protège, dans un monde où les guerres et les persécutions sont, hélas, monnaie courante, la liberté de vivre.
L’éloge officiel du libre-échange, du « village planétaire », de l’économie-monde est quotidien. Par contre, aucun pas concret n’est accompli dans la reconnaissance d’un peuple-monde avec tous ses droits proclamés pourtant par la visionnaire « Déclaration universelle des droits de l’homme », en 1948 déjà. Une telle reconnaissance exigera que la « tyrannie des marchés » ne prédomine plus à l’échelle planétaire.