A l 'occasion de la troisième année d’occupation de l’Irak
 
 

Parce qu’on a tous le droit de construire notre avenir,
Il faut désarmer l’impérialisme !

Un pays réduit en ruines et au bord de la guerre civile, plus d’un demi million de morts, le sol empoisonné par l’uranium appauvri, des millions de personnes privées d’eau potable, d’électricité: le voilà le visage hideux de cette guerre qu’on dit «de civilisation»!

Des hôpitaux détruits comme tout le système de santé, des chercheurs, professeurs d’université, intellectuels assassinés sur grande échelle, un système scolaire effondré – ce qui ouvre toute grande la porte aux écoles coraniques –, un taux de chômage de 60% chez les hommes, de plus de 85% chez les femmes: la voilà leur «enduring freedom», leur «liberté durable»!

Le droit de douter

Il y a trois ans, par millions nous avons dit non à cette guerre. Mais nous n’avons pas pu l’empêcher. Les faits, hélas, nous ont donné raison. Il y a eu la destruction de Falloudjah, l’utilisation d’armes interdites, les massacres à Nadjaf. Aujourd’hui, les bombardements, les missions aériennes et les attaques au sol contre les villes irakiennes s’intensifient : elles sont nettement plus nombreuses qu’il y a une année.

Il faut qu’ils s’en aillent. Nous sommes de plus en plus nombreux à le penser. Mais, nombreux aussi sont les doutes. Le départ des troupes d’occupation n’ouvre-t-il pas toute grande la porte aux intégrismes, à la guerre civile ?

Ce sont, au contraire, l’occupation, la destruction des infrastructures, la privatisation des services d’électricité et d’eau imposées par le Fonds Monétaire International et la Banque mondiale, qui privent les gens, qui provoquent les violences. Lever l’occupation, rendre aux irakiens ce qui leur appartient, payer des réparations pour les destructions générées par deux guerres et dix ans d’embargo, voilà ce qui permettra de faire face aux violences.

A deux reprises déjà, les Irakiens ont voté, massivement. Pourtant, les assemblées élues ne peuvent pas fonctionner: leur marge de manoeuvre est limitée par l’occupant qui incite par ailleurs à la haine entre les communautés selon le vieil adage qui veut qu’il faut diviser pour régner…

Incapables de se prendre en main?

A moins de penser, à l’instar d‘un Chirac pour qui «les Africains ne sont pas faits pour la démocratie», que les peuples arabes et musulmans sont incapables de se prendre en main, qu’il leur faudrait la tutelle internationale, celle de l’ONU par exemple…

La participation massive et systématique des casques bleus brésiliens aux fraudes lors des récentes élections en Haïti en dit long sur cette sorte de tutelle ! De plus, elle devrait être exercée en Irak par l’organisation, l’ONU, qui a autorisé autant la première guerre que l’embargo et qui a reconnu le statut de puissances occupantes aux Etats-Unis et à la Grande Bretagne!

Ou serait-ce alors à une coalition multilatérale de pays dits démocratiques de prendre le relais en Irak pour assurer la transition? Des troupes françaises dont les expériences en Côte d’Ivoire ou au Rwanda lors du génocide de 1994 est instructive pour «pacifier l’Irak»? Ou de troupes allemandes ? Celles d’un pays qui, tout en se prononçant contre la guerre en 2003, renseignait l’armée étasunienne grâce à ses espions en Irak ? Ou ces troupes italiennes déjà en place – en «mission de paix», dit-on officiellement – qui ont tiré à plusieurs reprises contre des manifestations ?

Rien ne peut justifier la présence de troupes étrangères en Irak. Les Irakiennes et les Irakiens sauront se prendre en main. Ne pas leur reconnaître ce droit, de même que leur dénier celui de résister à l’occupation – un droit garanti par la déclaration universelle des droits humains – c’est leur nier le statut, justement, d’êtres humains.

Le droit des uns et celui des autres…

La répression et les atrocités commises par les occupants en Irak – le nombre de morts quotidiens a dépassé les 2000, alors que durant les deux premières années de l’occupation il variait, sauf deux exceptions, entre 500 et 1000 – ne font plus la une des journaux. C’est la «menace du nucléaire iranien» qui fait les grands titres.

Quelle hypocrisie que de voir le président de la seule puissance qui a eu recours à la bombe atomique dénoncer les velléités iraniennes de se doter de cette même bombe. Qui plus est, la dénonciation de Bush survient au moment même où il resserre les liens avec les gouvernements de deux pays, l’Inde et le Pakistan, qui ont la bombe malgré les traités internationaux. En quoi, de plus, l’hypothétique bombe iranienne serait-elle plus inquiétante que la bien réelle bombe atomique israélienne?

Ce n’est pas pour autant une raison pour invoquer le droit de chaque pays à se doter de l’arme atomique. Au contraire, l’exigence iranienne ne pourra être combattue que selon la méthode qui fut celle du mouvement contre l’installation des euromissiles au début des années 1980, à savoir, le désarmement unilatéral. Plus que des sanctions qui frapperaient la population iranienne en premier lieu – et auxquelles Mme Calmy-Rey a déjà donné un aval par avance – c’est la destruction des arsenaux nucléaires existants qui peut, seule, priver de légitimité l’exigence iranienne.

La relance d’une campagne pour le désarmement nucléaire redevient ainsi de première importance. Elle le devient d’autant plus que le recours à des «bombes atomiques tactiques», à savoir utilisables sans avoir à craindre les «dégâts collatéraux» qui furent ceux de Hiroshima et Nagasaki est de plus en plus ouvertement évoqué par la doctrine militaire étasunienne.

Désarmer l’impérialisme

La fabrication de ce type armes viendrait étoffer l’arsenal des Etats-Unis – dont les dépenses militaires représentent plus de la moitié des dépenses militaires mondiales – dans la perspective de grosses crises régionales.

Elle s’ajoute à la multiplication de leurs bases militaires dans le monde, des bases où stationnent non seulement des soldats, mais toute sorte d’équipements sophistiqués. A la veille de la guerre contre l’Irak, les Etats-Unis en avaient dans une soixantaine de pays distincts. Avec celles installées depuis à Barhein, au Quatar, à Oman et, désormais, en Irak, ce nombre a encore augmenté.

La construction en cours d‘une nouvelle base au Paraguay en dit long sur leur fonction. C‘est au moment même où les salarié.e.s et les opprimé.e.s de la Bolivie voisine – l’un des pays les plus pauvres du monde – commencent à prendre leur avenir en main, en empêchant la privatisation de l’eau, en exigeant la nationalisation des hydrocarbures, que le gouvernement des Etats-Unis fait construire des pistes d’aviation permettant le décollage et l’atterrissage des bombardiers B52.

C’est pourquoi l’impérialisme doit être désarmé: en l’obligeant à quitter l’Irak, en relançant la lutte pour le désarmement atomique, en organisant de larges campagnes pour le démantèlement de ses bases militaires et de l’OTAN.

 
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