N° 4 Janvier 2002

Nouvelles dépenses pour le traditionnel complexe militaro-industriel

Armement: envol vertical

«Les optimistes de l'industrie prédisent maintenant que le gros lot tombera en février 2002, lorsque le Pentagone proposera ses priorités de dépenses pour les cinq prochaines années à venir.»L'hebdomadaire «Businees Week»(14 janvier 2002) sait choisir la formule, si ce n'est que le «gros lot» ne tombe pas par hasard, comme nous le décrivons dans cet article. Lockeeed Martin Corp., en tête des entrepreneurs de l'armement, a été choisi pour construire le Joint Strike Fighter: un contrat «à hauteur de 200 milliards de dollars, le plus gros contrat dans l'histoire».Il en va de même pour Northrop Grumman Corp. qui «dans un redressement frappant a consolidé sa position de leader dans l'électronique et les senseurs en achetant Litton Industries Inc. Puis, elle a battu General Dynamics Corp. en acquérant Newport News Shipbuilding Inc.»et «son image dégradée sur la place boursière de Wall Street s'était requinquée avant même les attaques terroristes». Selon la puissante organisation Aerospace Industrie Association (AIA), le seul secteur aérospatial verra son carnet de commandes augmenter de 5,1 milliards de dollars en 2002, pour atteindre le seuil des 54 milliards.

Deux traits forts ressortent de toutes les études. En premier lieu, la concentration des entreprises dans le secteur de l'armement renforce leur impact sur l'ensemble des choix technologiques de l'industrie. En second lieu, la vie politique institutionnelle américaine est, pour l'essentiel, réduite aux jeux des divers lobbies (groupes de pression) sur les institutions étatiques et gouvernementales. Ce «jeu démocratique» obéit à une loi: tout et tous s'achètent. La différence est minime entre le «scandale d'Enron» et la normalité des contrats d'armement.

William D. Hartung*

* W.D. Hartung est directeur du Arms Trade Resource Center à la New School for Social Research à New York.

Bien que le président Bush et ses principaux conseillers aient répété que leur «campagne mondiale contre le terrorisme» serait un «nouveau genre de guerre», les principaux bénéficiaires des achats de nouveaux armements déclenchés par les attaques du 11 septembre seront les fournisseurs de toujours: les gros industriels de l'armement tels Boeing, Raytheon, Lockheed Martin et Northrop Grumman. Une fois prises en compte «les dépenses antiterroristes d'urgence» et les crédits budgétaires supplémentaires pour financer la guerre en Afghanistan, le budget du Pentagone pour l'année 2001 pourrait s'élever à 375 milliards de dollars, soit 66 milliards de plus que l'année précédente.

La plus grande partie de ces crédits supplémentaires sera employée à financer des projets qui se trouvent être depuis des années les favoris du complexe militaro-industriel et non pas à financer des équipements ou des techniques conçus pour «la lutte contre le terrorisme». Comme un responsable du Pentagone l'a déclaré au magazine Defense News, une grande partie des crédits antiterroristes initiaux «n'auront rien à voir avec les représailles en réponse aux attaques du 11 septembre. Les crédits vont aller vers des listes d'achats que nous avons formulées depuis de nombreuses années

Le grand bond en avant

La principale revendication de l'industrie d'armement ces dernières années était une augmentation massive générale des dépenses militaires. Le 11 septembre a permis un grand bond en avant dans cette direction. En octobre 2000, dans le sprint final de la campagne présidentielle, la National Defense Industrial Association (l'organisation des industries d'armement) s'était unie avec d'autres regroupements de cette industrie ainsi qu'avec le Center for Security Policy, fondation financée par le monde des affaires, afin de payer une page entière de publicité dans USA Today– le grand quotidien national aux Etats-Unis – en faveur d'une «solution à 4%» des besoins de défense. Leur «solution» consiste à hisser le budget du Pentagone de 3% du PIB à 4%, ce qui impliquerait une augmentation de 100 milliards de dollars, sans précédent en temps de paix. Ce cri de ralliement de l'industrie a depuis lors été repris à son compte par le Project for a New American Century, le groupe de réflexion (think tank) d'extrême droite fondé par le maître à penser conservateur William Kristol du Weekly Standard.

La rhétorique agressive du candidat à la présidence George W. Bush sur les questions de défense avait suscité les plus grands espoirs chez les industriels de l'armement. Ils s'étaient ralliés au «ticket» républicain, versant quatre fois plus d'argent à la campagne de Bush qu'à celle de son concurrent démocrate Al Gore. Ils ont apporté deux fois plus de soutien financier aux candidats républicains qu'aux candidats démocrates lors des élections du Congrès. Mais, une fois élu, G.W. Bush avait, en février 2001, ébranlé les espoirs de bénéfices rapides des fabricants d'armes. En effet, il avait annoncé qu'il ne demanderait pas d'autres augmentations du budget du Pentagone que celles déjà recommandées par l'administration sortante de Clinton tant que le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld n'aurait pas achevé un réexamen complet de la stratégie militaire des Etats-Unis.

Ce réexamen, avec l'accent que mit d'abord Rumsfeld sur le développement de forces conventionnelles plus légères et plus mobiles et sur une expansion rapide de la défense antimissile et des programmes spatiaux militaires, devait susciter encore plus d'anxiété chez les entreprises d'armement. Il apparut alors que la nouvelle stratégie pourrait impliquer une réduction de programmes coûteux existants tels que le chasseur Lockheed Martin F-22 et le système d'artillerie Crusader de United Defense afin de faire place à une nouvelle génération de systèmes d'armement. Pour les principaux fournisseurs, cela aurait signifié perdre, dans le présent, des contrats de production lucratifs en échange de la promesse de nouveaux projets plus tard. De cet roccade l'industrie n'en voulait pas.

Le programme de réformes de Rumsfeld devait se heurter à un mur du refus au Congrès et dans les forces armées où chaque service avait ses priorités d'achat spécifiques. Dès l'été 2001, il apparut clairement que Rumsfeld avait renoncé à son idée initiale de réaliser des coupes substantielles dans les programmes existants et qu'il misait dorénavant plutôt sur la perspective de pouvoir instituer des augmentations importantes et à long terme du budget du Pentagone afin de pouvoir se payer la défense antimissile et les armes spatiales en plus des commandes militaires en cours d'armements coûteux, conçus au cours de la guerre froide.

Toutefois, après les décisions de baisse d'impôts de Bush à hauteur de 1,3 trillion de dollars, le Congrès manifestait des résistances à donner son approbation à un accroissement massif des dépenses militaires en temps de paix. Même la première tranche du programme d'augmentation des dépenses Bush-Rumsfeld, 18,2 milliards de dollars de hausse par «amendement» du budget du Pentagone pour l'année fiscale 2002, devait se heurter à des résistances au Capitole.

Le 11 septembre a tout changé. Quelques jours seulement après les attaques, le Congrès donnait son blanc-seing à un paquet de 40 milliards de dollars pour la reconstruction et «la lutte contre le terrorisme». De nombreux parlementaires se faisaient l'écho des sentiments du représentant Norman Dicks, le démocrate de Seattle dans l'Etat de Washington, qui déclarait que toute notion antérieure de conservatisme fiscal devait être mise de côté vu l'impératif de financer «le combat contre le terrorisme».

Le secrétaire à la défense Rumsfeld comparait «la guerre contre le terrorisme» à la guerre froide. Et l'analyste boursier Paul Nisbet prédisait qu'un budget militaire de 400 milliards de dollars (presque deux fois le PIB de la Suisse) était désormais à portée de main. Le vice-président de Boeing, Harry Stonecipher, déclarait au quotidien Wall Street Journalque «la bourse est maintenant ouverte»afin que le Pentagone n'ait plus à faire «les choix difficiles» entre les projets d'armements qui étaient en concurrence avant le 11 septembre. De crainte que quelqu'un n'essaye de mettre en question ce déluge de nouveaux crédits militaires, Stonecipher avertissait que tout membre du Congrès qui prétendrait que «nous n'avons pas les ressources pour défendre l'Amérique – ne sera plus là après les élections de novembre 2002»!

La principale question qui se pose au cours des mois à venir au complexe/lobby militaro-industriel, c'est comment se découper cette manne de milliards.

Cadeaux

Les plus grands bénéficiaires des dépenses accrues du Pentagone seront les systèmes existants dont la plupart ont été conçus durant la guerre froide.

Le représentant Curt Weldon, le républicain de Pennsylvanie, a vu dans cette hausse des dépenses du Pentagone une occasion bienvenue d'assurer le futur du problématique avion V-22 Osprey que Boeing construit dans sa circonscription. Le V-22, conçu pour décoller et atterrir comme un hélicoptère mais voler comme un avion, a multiplié pathologiquement les accidents, tuant 30 membres de l'armée américaine. Il a été la vedette d'un scandale qui a révélé la falsification des procès-verbaux concernant les mesures d'entretien qu'il exige. Au printemps dernier, une commission du Pentagone, formée de membres distingués, recommandait que le programme soit ralenti jusqu'à ce que les sérieux problèmes techniques puissent être résolus. Mais les partisans du V-22 ont tout de suite exploité la guerre en Afghanistan pour accélérer le programme. Le représentant Curt Weldon, qui a repris la présidence de la puissante sous-commission des achats militaires après la mort du républicain de Caroline du Sud Floyd Spence, sera bien placé pour injecter beaucoup d'argent dans son projet favori. Pendant plus de dix ans, il n'a cessé de le promouvoir. L'actuel vice-président Dick Cheney, lorsqu'il était secrétaire à la défense de Bush père, avait voulu le supprimer purement et simplement.

Le système d'artillerie Crusader de la firme United Defense est un autre programme important qui était encore au printemps dernier généralement considéré comme condamné. Quand le candidat George W. Bush parlait durant sa campagne électorale de la création d'une nouvelle armée caractérisée «non par sa masse ou sa taille, mais par la mobilité et l'agilité», le Crusader était un des systèmes d'armes trop lourd auxquels il envisageait de renoncer. Les critiques considèrent que, pesant 70 tonnes l'unité, le Crusader est tout simplement trop lourd pour être transporté vers des champs de bataille lointains. Il pourrait être difficile à manœuvrer en combat même s'il pouvait y être amené. Mais United Defense a promis de construire une usine d'assemblage du Crusader à Lawton dans l'Oklahoma, s'assurant ainsi des partisans puissants en la personne de deux congressistes républicains de cet Etat, le chef de file républicain la majorité à la Chambre des représentants, J.C. Watts, et le sénateur James Inhofe qui est membre de la commission du Sénat pour les forces armées. Si ces soutiens parlementaires ne devaient pas suffire, United Defense dispose aussi d'amis placés aux plus hauts niveaux du gouvernement Bush. United Defense est la propriété du groupe Carlyle que dirige Frank Carlucci qui n'est nul autre que l'ancien secrétaire à la défense de Ronald Reagan. Carlucci a déjà été reçu en audience privée par son vieil ami Donald Rumsfeld depuis que ce dernier est devenu secrétaire à la défense. Carlucci a nié avoir profité de l'occasion pour pistonner le Crusader. Parmi les associés du groupe Carlyle on ne trouve nuls autres que l'ancien secrétaire d'Etat James Baker qui fut récemment le représentant de George W. Bush dans la dispute autour du décompte des voix en Floride et aussi l'ancien président George Herbert Walker Bush, père, qui voyage à travers le monde pour l'entreprise afin de prononcer des conférences pour lesquelles on dit qu'il demande chaque fois 100000 dollars d'honoraires. Avec une telle puissance de feu politique, United Defense devrait pouvoir se voir octroyer plus que sa part de la prochaine manne de dollars du Pentagone.

'Le nouveau climat budgétaire du Capitole a été tout à fait propice à l'avion Lockheed Martin F-22, un chasseur plus lourd et plus coûteux que prévu, qui se trouve être aujourd'hui, à plus de 200 millions de dollars l'exemplaire, le chasseur le plus coûteux jamais construit. Il y a seulement deux ans, à l'automne 1999, Lockheed Martin s'était vu obliger de mettre le paquet dans une campagne de lobbying afin de faire rétablir le budget de fabrication en série de l'avion que deux congressistes influents dans les commissions concernées, les républicains John Murtha de Pennsylvanie et Jerry Lewis de Californie, avaient sabré à cause de l'escalade des coûts et des difficultés prototypes à remplir les performances exigées. Le journaliste Greg Schneider, qui est un vétéran des questions de défense, a décrit le F-22 comme «un chasseur à réaction qui n'a plus personne à combattre», car le F-22 (dont le premier prototype a décollé en 1990) avait été conçu à l'origine pour faire face à une nouvelle génération de chasseurs soviétiques qui ne devaient jamais être construits. Avant le 11 septembre, la firme Lockheed Martin était très préoccupée par les possibles coupes dans le projet de produire 339 exemplaires de série à hauteur de 63 milliards de dollars. Cela l'a conduite à envoy une équipe de cadres en tournée à travers le pays avec un simulateur de vol de F-22, monté sur un camion, afin de réveiller les appuis locaux. Aujourd'hui l'avenir du F-22 est assuré: la commande est passée.

'Bien que la génération actuelle des chasseurs en service, les F-15 et F-16, soient bien supérieurs aux avions de n'importe quel adversaire possible des Etats-Unis, le F-22 n'est qu'un des trois programmes de nouveaux chasseurs. Les nouveaux F/A-18 E/F de Boeing pour la marine sont déjà en production et Lockheed Martin vient de remporter le contrat de développement à long terme de 19 milliards de dollars pour le Joint Strike Fighter, l'avion qui constituera pour un total de 200 milliards de dollars la prochaine génération d'avions de combat tant pour les trois services des Etats-Unis (Air Force, Navy et le corps des Marines), que pour les forces armées du Royaume-Uni. Le Pentagone assure que Lockheed Martin s'est vu préférer à Boeing uniquement sur la base des mérites des deux prototypes. Il est néanmoins intéressant de remarquer que le secrétaire à l'armée de l'air de la nouvelle administration Bush, James Roche, a passé la plus grande partie des derniers vingt ans au service de Grumman, puis de Northrop Grumman. Or Northrop Grumman est associé à Lockheed Martin dans le projet du Joint Strike Fighter.

'Plus d'argent pour le Pentagone peut aussi servir à relancer des programmes qui s'étaient récemment achevés, comme le bombardier «invisible» B-2 de Northrop Grumman.

'Le membre de la Chambre des représentants Norman Dicks habite à Seattle. Boeing y a son siège et participe comme sous-traitant au B-2. Lors de la première rencontre entre le nouveau président Bush et les commissions parlementaires chargées de la défense, Norman Dicks a proposé d'acheter plus de B-2. Certains «réformateurs» militaires se sont également faits les champions du B-2 argumentant que son long rayon d'action pourrait réduire la dépendance des Etats-Unis envers des bases outre-mer lors de prochains conflits. Jusqu'à présent le principal obstacle au déroulement du programme B-2 était son coût. Les 21 exemplaires mis en service ont coûté 2 milliards de dollars la pièce. Si l'argent est disponible, Donald Rumsfeld envisage d'en acheter 40 de plus, pour 735 millions l'unité «seulement». Avec les B-2 bombardant l'Afghanistan et les dizaines de milliards de dollars tombant dans l'escarcelle du Pentagone, les espoirs du lobby du B-2 de faire renaître leur chouchou s'améliorent chaque jour. Cela est confirmé.

Eriger la défense antimissile

'Malgré le fait que les attaques du 11 septembre aient justement souligné qu'un missile balistique muni d'une arme de destruction massive est de loin le moyen le moins probable qu'une puissance étrangère ou un groupe de terroristes choisirait pour attaquer les Etats-Unis, les partisans au Congrès du plan de défense antimissile de l'administration Bush sont néanmoins décidés à avancer à toute vitesse. Les Etats-Unis ont arraché à la Russie une acceptation de principe d'une nouvelle «interprétation» plus flexible du traité ABM sur les missiles antimissiles de 1972 afin d'autoriser la réalisation d'essais au-delà de ce que la lettre du traité aurait permis. C'est une bonne nouvelle pour les quatre grands fournisseurs de missiles: Boeing, Lockheed Martin, Raytheon et TRW qui se sont partagé ces dernières années environ les deux tiers de tous les crédits alloués à la recherche en matière de défense antimissile et qui comptent bien se voir attribuer la part du lion des 120 à 240 milliards de dollars que va coûter le déploiement de l'écran échelonné de défense antimissile que veut l'administration Bush.

'Entre-temps, l'opposition démocrate à la défense antimissile, ou plutôt ce qui en tenait lieu, a été réduite au silence depuis le 11 septembre. Sous la pression de démontrer de l'«unité» dans un moment de crise nationale, le président démocrate de la commission du Sénat des forces armées, Carl Levin du Michigan, a retiré son amendement qui aurait limité la possibilité pour l'administration de réaliser des essais en violation du traité ABM sans consulter le Congrès. Levin a également laissé rétablir 1,3 milliard de dollars qui avaient été coupés dans le budget 2002 sur les 8,3 milliards consacrés à la recherche en matière de défense antimissile.

'Les critiques parlementaires de la défense antimissile font le poing dans leur poche, mais le lobby favorable, lui, continue sa campagne bruyamment. La fondation SAFE (Safeguarding America For Everyone – Protéger l'Amérique pour chacun), financée par les entreprises intéressées, a accéléré depuis le 11 septembre sa campagne nationale «d'éducation à la défense antimissile». Elle est même allée jusqu'à placer une photo des ruines carbonisées du World Trade Center sur la première page de son site Internet comme accroche pour sa propagande. Parmi les membres du conseil d'administration de la fondation, on trouve le représentant Weldon, cité plus haut, et Dean J.Garritson qui est un des vice-présidents de l'Association nationale des industriels de la défense.

'La National Defense University Foundation et la National Defense Industrial Association poursuivent au Capitole leur série de «petits déjeuners de mise au courant» à propos de la défense antimissile. L'opération de relations publiques est non seulement soutenue par la plus grande association patronale de l'industrie d'armement, mais chacun des petits déjeuners reçoit l'appui d'une entreprise particulière, comme Bechtel (entreprise d'infrastructures) ou Lockheed Martin. Raytheon, de son côté, n'a engagé nul autre que l'ancien président de la commission des affectations budgétaires de la Chambre, Bob Livingston, républicain de Louisiane, pour plaider dans les couloirs du Capitole en faveur de la défense antimissile. Quant à la firme Boeing, elle a engagé pour le même travail les bureaux de lobbying de première classe que sont Bonner et associés et Power Tate.

'Les lobbyistes de la défense antimissile se verront prêter une oreille bienveillante au sein de l'administration Bush dont les postes-clés sont remplis de vétérans du lobbying en faveur de la défense antimissile. Le secrétaire à la défense lui-même, Donald Rumsfeld, est un associé et cotisant de vieille date du Center for Security Policy, un groupe de promotion de la guerre des étoiles qui a reçu plus de 2 millions de dollars de Boeing et Lockheed et autres entreprises du même genre. Douglas Feith, qui est sous Rumsfeld le sous-secrétaire à la défense chargé de la politique, en est l'ancien président du conseil d'administration. Le sous-secrétaire chargé de l'armée de l'air, et donc de tous les achats en matière spatiale militaire, n'est nul autre que Albert E. Smith, un ancien directeur des opérations spatiales de Lockheed. Quant au nouveau chef des chefs d'Etat-Major (Head of Joint Chiefs of Staff), le général Richard Myers, c'est l'ancien chef du Space Command et un partisan de vieille date de la militarisation de l'espace.

'Pour façonner sa vision des usages militaires futurs de l'espace interplanétaire, Rumsfeld s'est adressé aux entreprises dont l'altruisme est bien connu: une commission qu'il a présidée à ce sujet et qui a publié son rapport au début de 2001 ne comptait pas moins de huit représentants d'entreprises qui travaillent pour le Pentagone sur la technologie spatiale et la défense antimissile.

Lors d'un discours le 24 septembre 2001 devant l'hyperconservatrice Heritage Foundation, le contrôleur des comptes du Pentagone, Dov Zakheim, a indiqué que le Département de la défense allait accroître le financement d'avions sans pilotes comme le Global Hawk de Northrop Grumman, d'avions de surveillance et de renseignement comme le RC-135 «Rivet Joint» et de missiles et munitions de précision comme le missile de croisière Tomahawk que fabrique Raytheon et la Joint Direct Attack Munition (JDAM) de Boeing. Ces projets sont présentés comme de l'armement «antiterroriste» et la guerre en Afghanistan a servi de vitrine d'exposition. Pour l'heure, ils forment une part toute à fait restreinte des dépenses d'armement.

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