N° 1 octobre 2001

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Folie meurtrière et désordre impérial

Durables grandes manœuvres, 2e partie

Dossier mondialisation

Mouvement anti-mondialisation: une période test

Perspectives socialistes face à la mondialisation du capital

Vers un enracinement social de la "résistance globale"?

Poser la question de la propriété

Géopolitique du Plan Colombie

Turquie
de l’économie de guerre au management de la crise

Syndicats

Pas de terminus sur la ligne des renoncements syndicaux


Editorial

Depuis le 7 octobre, la toute-puissante machine militaire des Etats-Unis bombarde un des pays les plus pauvres de la planète. Une illustration exacerbée des rapports entre les pays du "centre" et ceux de la "périphérie". Sur les quelque 20 millions d’Afghans, plus de 7 millions sont les victimes d’une meurtrière famine; et ce depuis plus de trois ans! La faim s’ajoute aux autres souffrances d’un peuple martyrisé depuis plus de vingt ans par des Etats (URSS, Russie, Etats-Unis, Pakistan…), plus ou moins influents, qui arment et s’achètent les services de "seigneurs de guerre", déclarés une fois "amis", l’autre fois "ennemis". Tout cela en dit long sur l’universalisme des valeurs démocratiques et humanitaires qui engorgent les discours officiels de l’administration Bush et de ses affidés.

Cette guerre ne peut être expliquée par le crime monstrueux du 11 septembre à New York, même s’il a servi de catalyseur. L’histoire du XXe siècle permet d’établir que le sens et la dynamique de telles entreprises militaires doivent être recherchés dans les intérêts économiques, politiques et stratégiques des élites dominantes et dans la manière dont elles cherchent à les imposer, même si les résultats de ces opérations ne sont pas toujours, au bout du compte, ceux initialement prévus. Sous cet angle, le bombardement de l’Afghanistan possède tous les traits caractéristiques propres aux guerres impérialistes. Renverser le régime des talibans (ex-protégés), "débusquer Oussama Ben Laden" et mettre en place un gouvernement complaisant à Kaboul sont donnés comme les objectifs de cette phase de la "guerre contre le terrorisme". La presse économique anglo-saxonne ne manque pas de souligner que l’accès aux ressources en pétrole et en gaz de l’Asie centrale ainsi que leur contrôle constituent un dessein plus digne de considération, sur le moyen terme.

La seule composition de la coalition "pour lutter contre le terrorisme" suffit à invalider ses visées proclamées. Vladimir Poutine a fait assassiner lors de la conquête de Grozny des milliers de civils. La dictature saoudienne, avec sa police religieuse — mouttawa — a participé à l’éducation des talibans dans la façon de "rendre la justice". Le dictateur pakistanais Pervez Musharraf a une vaste expérience de répression de la population — qu’il exerce aujourd’hui — et de manipulation des "groupes intégristes". Le général anti-talibans Abdoul Rashid Dustum, aussi achetable que versatile, a participé à la destruction de Kaboul. L’énumération pourrait se poursuivre.

En réalité, un genre d’état d’exception international — qui se concrétise par toute une série de mesures répressives et de pressions anti-démocratiques — a été déclaré au nom d’une "guerre générale" contre un ennemi: "le terrorisme". L’administration Bush — en dehors de toute légalité internationale — affirme une forme de pouvoir territorial mondial: les Etats-Unis — et leurs alliés de circonstance — pourront intervenir partout où "la guerre contre le terrorisme" sera assimilée à de la "légitime défense". Une procédure rapide (fast track) est donc imposée par l’administration Bush pour dicter ses projets — aux plans financier, commercial, stratégique et militaire — et réprimer les mouvements de résistance ainsi que les diverses formes de lutte dans les pays de la périphérie comme dans ceux du centre.

Une vaste coalition internationale contre cette guerre impérialiste peut (et doit) se former. Elle se liera au mouvement de résistance globale qui, avant le 11 septembre, tendait à indiquer la nécessaire mise en cause, à la racine, d’un système capitaliste d’exploitation et d’oppression. Ainsi devrait s’opérer une jonction avec celle et ceux qui, dans les régions aujourd’hui au centre des menées guerrières, luttent pour les droits démocratiques et sociaux et contre les agressions impérialistes. réd.

 

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