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Le marché contre l’éthique médicale et la santé

En arrière-fond du débat sur la «caisse unique et sociale» s’affrontent potentiellement deux orientations (voir Cahier La brèche N° 1 : «Le marché contre la santé»). Un publi-reportage de 12 pages vantant les cliniques privées – inséré dans l’hebdomadaire Cash – éclaire cet affrontement. Les cliniques anticipent l’évolution liée à la politique des autorités et des caisses. Alors : «Le fossé entre la «santé pour tous» et une «médecine-top dans des hôtels de la santé» sera plus grand.» Conclusion : nous disposerons d’un marché plus large, lucratif, pour personnes aux revenus honorables.

• La première s’en remet au marché. Le résultat final : un service minimum, avec des gens ayant «droit» à des prestations de base minimales pour des pathologies graves ou des personnes démunies financièrement et donc «assistées», avec la culpabilité qui leur sera injectée – quitte à péjorer leur état de santé.

Les malades potentiels ou réels ayant des revenus suffisants (ou prêts à de réels sacrifices) seront de bons clients pour les caisses (complémentaires diverses).
Celles et ceux qui voient leur revenu disponible (ce qui reste après déduction des impôts, des cotisations aux assurances, des primes d’assurance maladie et, de fait, aussi du loyer) diminuer chaque année seront des «clients» de seconde ou troisième classe.

Le personnel soignant, directement ou indirectement, sera soumis au pouvoir abusif des médecins conseil ou des médecins d’assurance. Le personnel soignant des hôpitaux sera soumis toujours plus à un travail à la va-vite. Des «machines à soigner» exténuées. Le professeur Henri Bounameaux des HUG (Hôpi taux universitaires de Genève) raconte : en mettant huit patients dans une chambre prévue pour cinq, «vous imaginez les problèmes de promiscuité et de sécurité que cela pose… Chacun doit travailler plus vite et plus vite, avec les risques que cela comporte.» Selon cette approche, l’hôpital «pour tous» est assimilé à une entreprise produisant des «biens».

• La seconde : chaque personne doit être soignée quels que soient ses revenus, quel que soit le coût de ses soins, pourvu qu’ils soient médicalement justifiés. La santé est «un état complet de bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie» (Constitution de la France, 1948). Donc la couverture maladie doit être intégrée à un système d’ensemble, non bureaucratique, qui relève d’une véritable sécurité sociale.

Cela implique : un contrôle public ; une liaison entre spécialisation médicale et paramédicale ; une relation interactive entre médecine de ville (libérale) et hospitalière. Se «centrer sur le malade» – selon une formule galvaudée – implique assez de personnel ayant du temps pour s’en occuper et assurer sa prise en charge globale. Une politique de prévention globale est nécessaire. Les patient·e·s doivent être considéré·e·s comme des partenaires des soignants ; les usagers doivent avoir leur droit dans la conception d’une assurance maladie sociale.

Un système de santé fondé sur une logique commerciale ne peut qu’aboutir à violer l’éthique médicale. Les ressources matérielles existent en Suisse pour un système de santé pour tous et toutes et respectueux des patient·e·s comme du personnel soignant.

(16 février 2007)

 
         
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