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Vittel ou une certaine vitalité syndicale

Après le conflit dans l’usine d’embouteillage de Perrier, après le dur conflit de Marseille Saint-Menet (usine de production de chocolat et de café, voir les éditions précédentes de La brèche ainsi que sur ce site internet) c’est au tour des salariés de Nestlé Waters Vosges (entité de Nestlé Waters France) d’entrer collectivement en conflit contre leur direction. Nestlé Waters Vosges représente en réalité l’entité, fusionnée, regroupant les sites d’embouteillage de l’eau minérale Contrex (à Contrexéville) et de Vittel.

Les deux mille salariés des sites ont ainsi participé, à un taux de 90 % selon les sources syndicales, à la journée de grève du 19 avril dernier pour protester contre le non-respect de plusieurs accords et conventions passées ces dernières années entre les syndicats présents sur le site et la direction. Les deux sites de Contrexéville et Vittel, distants de cinq kilomètres, ont produit, en 2004, 1,7 milliard de bouteilles. Mais, comme dans le cas de Perrier, où l’exemple de la productivité record des usines San Pellegrino est répété en permanence par la direction, cette dernière joue la concurrence entre salariés de la même entreprise pour relever la productivité à travers une réorganisation des méthodes de production. Au détriment des conditions de travail : c’est sur la base de la péjoration de celles-ci que les salariés, depuis un mois, observent chaque jour des pauses prolongées (ou des grèves larvées) qui durent chacune entre une heure et quatre heures.

Concurrence et nivellement par le bas

Cette journée de grève du 19 avril, mise sur pied par l’intersyndicale sur les deux sites, a donc été un succès, tout particulièrement pour le site de Vittel, traditionnellement moins syndiqué et moins combatif que son voisin et où les conditions de travail –  moins bonnes qu’à Contrex  – devaient justement servir de modèle pour réformer le site de Contrexéville… Dans les usines Vittel, les trois fois huit heures de travail, sept jours sur sept est la règle, alors que chez Contrex, le week-end est férié. L’inspection du travail –  investie de compétences assez différentes des inspections helvétiques…  – a déjà dressé le constat des infractions au Code du travail. Selon un salarié interrogé dans L’Humanité du 20 avril dernier, « la direction, pour remédier aux différents débrayages antérieurs, a en effet fait appel à des salariés avec des contrats à durée déterminée dont vingt ont déjà été considérés comme illégaux par les services de l’inspection du travail et dont la liste s’allonge de jour en jour, sans compter, les irrégularités à l’affectation de postes de travail ».

La concurrence généralisée ne concerne pas seulement les entreprises entre elles : au sein de la même entreprise, les divisions sont organisées pour aligner les conditions de travail à la baisse et élever en permanence le taux de productivité de chaque site, de chaque travailleur. Mais des solidarités ouvrières peuvent encore exister et se développer : Nestlé Waters France est placée pour le savoir, dans les Vosges, après l’avoir expérimenté chez Perrier. Comme si l’eau minérale conférait à ceux qui y travaillent une certaine vitalité syndicale.
 
         
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