France

Débat ouvert dans la CGT du Nord de la France

Rédaction

Jean-Pierre Delannoy, candidat d’opposition à Bernard Thibault lors du dernier Congrès de la CGT (décembre 2009) a averti les syndicalistes présents que: «La victoire ne pourra dépendre que de vous, que de la base.»

Selon le quotidien Voix du Nord du 12 octobre au soir (site) «Pour ce syndicat en désaccord avec la ligne confédérale, le moment de l'affrontement est venu. Un pari risqué assumé à l'unanimité». Nous reproduisons ci-dessous l’article.

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«Grève reconductible tous les jours sous des formes que vous avez décidées, avec comme but d'aller vers le blocage de l'outil de production.» C'est la motion qui a été proposée au vote, hier en fin de matinée à l'union locale de la CGT historique, par Jean-Pierre Delannoy, secrétaire régional de la CGT métallurgie aux soixante responsables syndicaux présents (Renault-Douai, Sevelnord, Toyota, etc.).

«Pour ?» Tous les bras se sont levés «Contre ?» Aucun mouvement dans la salle «Abstentions ?» Pareil. M. Delannoy a voulu commenter ce vote, mais ses propos ont été noyés sous les applaudissements.

Ces syndicalistes, par leur vote, ont donc décidé deux choses: la première c'est d'aller à l'affrontement, «avec comme perspective la grève générale». Contre le gouvernement sur le dossier des retraites, bien sûr, mais aussi contre le patronat sur les salaires, les conditions de travail, etc.

La seconde c'est de s'affranchir de la ligne confédérale. Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT répète que la grève générale n'est pas à l'ordre du jour. A Douai, hier matin, M. Delannoy – qui s'était présenté contre lui au dernier congrès de la CGT – et d'autres cégétistes, ont décidé tout le contraire et ont désobéi.

Pourtant, le déroulement de cette réunion d'une heure et demie qui a rassemblé des syndicalistes de grandes entreprises de la région (Renault-Douai, Sevelnord, Française de mécanique...) et des responsables d'unions locales, n'avait pas commencé sous le signe du poing levé et du drapeau rouge brandi. M. Delannoy a posé son constat: «La mobilisation contre la réforme des retraites a pris une dimension jamais atteinte depuis 1995, et au-delà dans le privé. Mais les formes actuelles de mobilisation (NDLR, des manifestations), nous conduisent à l'échec. Le gouvernement le sait, notre confédération syndicale aussi. Le syndicalisme risque de connaître une grave crise si nous subissons un nouvel échec.» Et il a immédiatement donné sa solution, que l'on retrouve dans la motion.

Celle-ci n'a pas déclenché des cris de joie, mais a été accueillie par un grand silence. Car M. Delannoy n'a pas caché les difficultés que représente un appel à la grève générale – la bombe atomique en matière sociale – ce dont le public avait bien conscience aussi.

Mais les prises de paroles qui ont suivi, dans une ambiance grave, même si elles n'ont pas été nombreuses – six ou sept — ont été suffisamment éloquentes pour dissiper les hésitations s'il y en avait. De la retraite, on est vite passé au reste, abordé par d'autres: «Les conditions de travail insupportables, le fric qui manque, des familles qui n'ont pas les moyens de se payer une mutuelle», etc.

Le plus dur reste maintenant à faire. Car les uns et les autres savent qu'ils prennent des risques. Trouver une forme de lutte qui puisse tenir dans le temps sans priver tous les jours les salariés de leur salaire attendre et espérer que les autres secteurs suivent s'engager sans le soutien de la CGT nationale...

Sans compter le spectre de l'échec qui plane sur cette action et qui serait catastrophique. «Le ras-le-bol est général», a assuré M. Delannoy. En tout cas, les dés sont jetés. (Article rédigé par Jean-Luc Rochat)

(13 octobre 2010)


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